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vendredi 15 juin 2007

Madame Royal, électron libre des socialistes

Elle a le mauvais oeil !
Madame Royal est imprévisible. Sait-elle même ce qu’elle va dire et faire dans l’heure qui suit ? Est-elle consciente de la conséquence de ses actes ?

Son culot et sa détermination seraient des qualités s’ils étaient éclairés. A force de cultiver sa différence avec ceux du parti auquel elle appartient pourtant, elle serait bien inspirée par l’ami François Bayrou : partir sans un au revoir et former son propre parti ! Elle casse en effet les codes et vieux réflexes du PS qui ne reconnaît plus ce mouton noir dans l'oie blanche qui se pavanait pendant la présidendielle. Elle veut prendre de vitesse tous ceux qui prennent le temps de la réflexion et les éléphants ne suivent pas la cadence de ses déclarations: elle parle plus vite que son cerveau, comme Lucky Luke tire plus vite que son ombre. Et elle a le cerveau bien noir.

Dévorée par l’ambition et grisée par les gestes de dévotion manifestée par ses militants amateurs de Star’Ac, chaque rose tendue, chaque photo prise et chaque demande de bise sur le front lui brouille le jugement. Elle se croit un destin national et rien ne peut la dissuader. Elle refusait que quiconque l’embrasse et la voilà qui embrasse à tout-va ! D’où vient ce désespoir qui la pousse à forcer sa nature ?

Pendant la primaire déjà, Madame Royal était décidée à jouer son va-tout contre les leaders du PS, et contre son actuel patron (et ex-concubin) François Hollande. "Elle ne voulait pas trop s'impliquer dans cette campagne législative mais s'est vite ravisée. Elle se doit d'être en première ligne, pour la suite", explique le député européen Gilles Savary, "ne pas faire du Jospin en lâchant les militants".
L'ex-candidate se démène pour rester sous le feu des projecteurs: rendez-vous médiatiques au petit matin et bains de foule l'après-midi. Elle multiplie les déplacements et arpente au pas de charge les rues de Paris, Poitiers ou Bordeaux. Tourbillon de caméras, sourires, poignées de mains, le tout avec la "Ségo attitude" ringarde qui évoque les 'Ca va?' de Chirac: "Ca va les femmes ?", lance-t-elle aux ménagères curieuses sur le trottoir, car la chaussée lui appartient. Et de faire scander dans une circonscription le prénom d'une candidate : "pour Sandrine hip hip hip hourra !". C’est du style : 'Pour la Tortue, tapez 2' !

Son style baroque forcé, son absence de complexe interpelle ou fait rire. La verrons-nous se déplacer en rollers ? Allez, les jeunes, ‘Tapez 2’ ! Qu'importe. Tandis que ses rivaux masculins bataillent sur le terrain de la raison, elle prospère sur celui de l'affection populaire. "Je me ressource au contact de la foule", explique-t-elle à ceux qui lui demandent comment elle tient. C’est une thérapie, sa manière de faire son deuil de l’Elysée, mais les badauds savent bien que c’est sa tournée d’adieux, les premiers avant d’autres, car elle ne peut se résoudre au retour à l’anonymat, à la discrétion, au quotidien de ménagère de plus de cinquante ans. Elle lèche ses plaies. Celle qui veut transformer une défaite en victoire future fait des animations ici et là, comme les stars déchues dans les supermarchés, mais sans remise en cause personnelle et c’est bien son problème. Et celui du PS qui n’ rien à gagner à ses démonstrations pathétiques. Faire durer l’illusion personnelle, ces désirs d’avenir déçus, et vivre dans "une bulle de victoire" pour conserver la force indispensable à la prise du PS. Encore un rêve d’adolescente que brisent ses bavures, bourdes et gaffes de quinqua. Elle est butée et celle qui est personnellement tout sauf simple continue à dire n’importe quoi, à la faveur des circonstance :"Je suis dans des logiques de simplicité des relations humaines dans la politique", s'épanche-t-elle pour tenter d’expliquer son message au député béarnais, un autre aigri de la vie.

Mais Royal aura appris cette semaine à ses dépens que la politique n'est pas aussi simple qu'un coup de fil. Surtout s'il sonne dans le vide... François Bayrou, patron du Modem, un parti nouveau et virtuel, l’a approchée dans l’entre-deux tours et en a fait le tour. Royal peut bien se faire aussi grosse que le PS, chacun l’observe mais personne ne la prend au sérieux.
La fin de non-recevoir de Bayrou à toute discussion était donc prévisible. Après avoir penché trop à gauche durant l'entre-deux tours présidentiel, il devait se recentrer, au risque de se brûler les ailes. Mais surtout, en supposant que François Bayrou veuille bien s'y prêter, l'ouverture au centre est une question d'alliance que la rue de Solférino ne s'est pas encore posée. D'où la position de principe rappelée lundi par François Hollande et la réponse de l’archéo: Niet !

Le PS provoque les commentaires acerbes des semblables de Royal : "Qu'ils arrêtent cette mascarade ; ils négocient à la base avec le Modem dans les arrières-chambres et une fois à Paris, ils récusent toute alliance". Mais quel intérêt ce coup de fil médiatisé ? "Ségolène a mis le pression sur Bayrou et montré toute son ambiguïté", tente-t-on de justifier. Comme Mitterrand avec le PC, elle souhaiterait l'étouffer pour mieux récupérer ses électeurs dans le vaste mouvement des républicains de progrès qu'elle souhaite construire. Tout cela bien sûr, avec "respect"... Mais en politique, il faut, comme l'ancien président socialiste, être un peu stratège. La copie n’égale pas le modèle. Et qui aime les mantes religieuses ?

Comment aspirer à diriger un parti en foulant ses règles et la légitimité de son premier secrétaire, même affaibli ? Pourquoi rénover et innover au forceps dans un entre-deux tours capital, au risque de brouiller les esprits des candidats et des militants sur le terrain ? "Ségolène va devoir régler deux problèmes : sa position politique par rapport à François Hollande et sa capacité à conquérir puis diriger un parti. Toute sa carrière politique s'est construite contre le PS, en prendre la tête relève d'une équation complexe et personnelle", explique un de ses soutiens.
Elle a un troisième que néglige cet anonyme : celui qu’elle a avec elle-même et qu’un psychothérapeute pourrait tenter de l’aider à régler.

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