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jeudi 27 décembre 2007

Des urgentistes prennent leur tour de garde dans la rentrée sociale permanente

Grève d'abord symbolique: vers une montée politique en puissance…
Les urgentistes hospitaliers ont observé une grève symbolique illimitée à compter du lundi … 24 décembre, veille de Noël, pour ne stresser personne: en pleine période de fêtes et à l'évidence sans concertation avec les personnels au sol CGT et Sud aérien d'Orly… Ils assurent que cette grève sera sans conséquences pour les patients. Pour l'instant.
Ce sont les ministres, dont on dit qu'ils refusent la concertation, qui se déplacent. Dans la matinée de lundi, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, est venue à l'hôpital Saint-Antoine de Paris où elle a rencontré le président de l'AMUF, le très médiatique Patrick Pelloux (ci-contre), depuis qu'il a donné l'alerte sanitaire au moment de la canicule, en 2003.…
Mme Bachelot a affirmé qu'une concertation s'ouvrirait à partir du 7 janvier sur les heures supplé- mentaires et le paiement des jours de congés, deux des points soulevés par les grévistes. "Nous avons l'argent", a-t-elle également assuré: l'Etat serait prêt à débourser 348 millions d'euros et les établissements 324, ont détaillé ses services, soit 672 millions au total, alors que l'AMUF estime que ses revendications portent sur environ un milliard d'euros.
Cet argent "on ne sait pas où il est", a répondu Patrick Pelloux aux journalistes. L'appel à la grève n'a pas été remis en cause et, d'après le porte-parole du syndicat Christophe Prudhomme, elle sera "très suivie". Ce dernier a assuré que "dans beaucoup de SAMU, on est à 100% de grévistes" déclarés et que le mouvement sera aussi très largement suivi dans les services d'urgence, "un peu plus longs au démarrage". En Alsace, il y aurait quelque 75% de grévistes, a estimé le délégué régional du syndicat Jean-Marie Minoux.
Ces médecins veulent une plus grande "reconnaissance" de leur travail, alors que les médecins de ville viennent d'obtenir une hausse de leur rémunération pour les gardes de week-end. Ca valait une grève… Au-delà de revendications purement salariales, les urgentistes mettent en cause le système de "permanence de soins" (PDS) tel qu'il existe depuis 2003, lorsqu'a été mis fin à l'obligation pour les médecins libéraux d'assurer les gardes et astreintes.
Selon un rapport officiel rendu public en septembre, ce système est "peu fiable, fragile et coûteux" et souffre d'un "désengagement progressif des médecins libéraux" qui accroît l'activité des urgences hospitalières. Le rapport juge nécessaire de "remettre à plat la situation et de changer de stratégie", alors que "les dépenses de PDS croissent sans cesse.
Les urgentistes hospitaliers ont, c'est sûr, l'esprit fonction publique, voire l'esprit fonctionnaire. Ils ont (probablement) choisi le secteur hospitalier pour le service du public, mais bizarrement, ils raisonnent comme le secteur libéral. Seraient-ils aigris, voire jaloux?
"Si le service public est le seul à assurer la permanence des soins dans certains secteurs il doit en avoir les moyens", selon l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) qui appelle à la grève avec le syndicat Samu de France qui regroupe les médecins des Samu. "La puissance publique refuse de reconnaître les choses comme elles sont dans le domaine de la permanence de soins libérale (...) Le système est à changer, il a été cassé quand on a supprimé l'obligation de faire garde en 2003", a déclaré le président de Samu de France, Marc Giroud.
Selon l'Amuf, une garde réalisée par un urgentiste hospitalier est payée 250 euros, alors que les médecins libéraux, outre un forfait de 150 euros, sont payés à l'acte (un seul acte pouvant atteindre 80 euros un dimanche). L'Amuf réclame "une vraie revalorisation des gardes à l'hôpital" et "la fin du paiement à l'acte dans le secteur libéral".

Sous l'impulsion de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, l'assurance maladie a conclu mercredi 19 décembre un accord avec les syndicats de médecins libéraux étendant la rémunération des astreintes au samedi après-midi. La ministre "entend poursuivre avec les syndicats et le conseil de l'Ordre un travail de concertation visant à renforcer le dispositif existant et à le rendre plus efficient et plus fiable". Plutôt qu'une 'concertation', les urgentistes réclament des 'négociations'.
Qu'à cela ne tienne, Mme Bachelot a déclaré vendredi au Figaro que la négociation sur le paiement des arriérés de RTT dus aux personnels hospitaliers serait "lancée début janvier", rappelant que "le stock, dans les hôpitaux s'élève à 23 millions d'heures supplémentaires non réglées et à 3,5 millions de RTT (...) soit 800 à 900 millions d'euros". A cela, les urgentistes rétorquent qu'ils ne voient pas de raison d'attendre ne serait-ce qu'une semaine, tout en condamnant toute précipitation.
Mais, outre la revalorisation des gardes, les urgentistes hospitaliers demandent au gouvernement de "tenir ses promesses en matière de pénibilité, compte épargne temps (jours de congés accumulés et heures supplémentaires impayées), et retraites".

L'intention politique ne fait pas de doute. Rappelons que le docteur Patrick Pelloux
fut soutenu par le collectif du 29 mai lorsqu'il fut convoqué le 13 mars 2007 devant le Conseil régional de l’ordre des médecins suite à une plainte de deux présidents de syndicats de médecins généralistes. Ce collectif rassemble l'ensemble des collectifs constitués à l'origine par l'Appel des 200. Ceux-ci se sont réunis tout au long de la campagne pour le « non » au Traité constitutionnel européen (TCE) et ont créé une dynamique unitaire.
Après la victoire du « non », les collectifs ont tenté de prolonger la dynamique unitaire, afin de combattre le néolibéralisme mondialisé
Une partie des collectifs unitaires a choisi de soutenir la candidature de José Bové à l'élection présidentielle.
Patrick Pelloux avait aussi annoncé qu'il voterait pour Marie-sEGOlène Royal. Les précisions qu'lle lui apporta le convainquirent. Jugez plutôt: "L'hôpital public fait partie des valeurs fondamentales de la République". Toujours plus fort: "Avec moi, la santé publique et l'hôpital public retrouveront leurs moyens, les personnels seront reconnus et valorisés et il y aura pour les personnes âgées une garantie d'accès aux soins en grande proximité".
Pelloux n'a pas toujours besoin de chiffrages…
"Il y a une vraie colère pour l'ensemble des personnels", assure le Dr Prudhomme, qui affirme que d'autres catégories, comme les anesthésistes-réanimateurs, pourraient rejoindre rapidement le mouvement. Ils se sont d'ailleurs déjà associés.
L'AMUF se prépare à une grève de longue durée et a déjà annoncé qu'elle durcirait son mouvement en l'absence de réponse. Dans une semaine, les grévistes pourraient refuser les assignations systématiques, ce qui obligera les directions des hôpitaux à faire travailler en priorité les non-grévistes et les préfets à réquisitionner les grévistes.
Selon le planning de la rentrée sociale permanente, le 24, les pilotes d'hélicoptères de sociétés privées spécialisées dans le transport d'urgence des 36 Samu de France ont également déposé un préavis de grève symbolique jusqu'au 2 janvier inclus, pour réclamer notamment des hausses de salaire.
Dans une semaine, le 2 janvier également, les grévistes pourraient refuser les assignations systématiques, ce qui obligera les directions des hôpitaux à faire travailler en priorité les non-grévistes et les préfets à réquisitionner les grévistes.
Les patients qui souffrent devront prendre leur mal en patience…

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