POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

lundi 21 avril 2008

Obsèques nationales d’Aimé Césaire, une ‘opération récupération’

Ils sont venus, ils sont tous là !
Les obsèques nationales d'Aimé Césaire, le père de la "négritude", né en 1913, ont eu lieu Dimanche à Fort-de-France (Martinique) en présence du Président de la République, Nicolas Sarkozy, de milliers de Martiniquais et d’un fort contingent de la Rue de Solférino.

Signalons un raccourci journalistique de la presse inculte qui a soudainement découvert le père de la "négritude". Ces obsèques n’étaient donc manifestement pas un hommage à Léopold Sédar Senghor ! Officier de l'armée française et premier président de la République du Sénégal (1960), Senghor peut pourtant légitimement revendiquer la paternité de la notion, sans recherche ADN… Alors qu'il était étudiant boursier en France, il créa -en compagnie du martiniquais Aimé Césaire et du guyanais Léon Gontran Damas- la revue contestataire L'Étudiant noir en 1934. C'est dans ces pages qu'il exprimera pour la première fois sa conception de la négritude, tandis qu’Aimé Césaire introduisait cette notion dans un texte intitulé « Négrerie ». Césaire la définit ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ». Senghor explique en ces termes le concept de Négritude « la Négritude, c’est l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu’elles s’expriment dans la vie, les institutions et les œuvres des Noirs. Je dis que c’est là une réalité : un nœud de réalités » (Liberté 11, Négritude et Humanisme, p. 9). Que justice soit donc rendue à l’homme de lettres sénégalais, quelque peu oublié dans la naissance Césairienne d’un mythe et d’une hystérie politicienne! La 'sénégalaise' Royal ne l'aurait pas fait...


Pendant plus d'une heure dans le stade de Dillon, les Martiniquais se sont assemblés pour cet hommage national voulu par la France. Bien que France-Info non seulement désinforme l'opinion, mais fasse l’impasse sur la déclaration de Nicolas Sarkozy, le Président de la République a rendu hommage au poète de langue française à son arrivée à l'aéroport Aimé-Césaire de la ville. "Tous les Français se sentent aujourd'hui Martiniquais dans leur coeur", saluant "le défenseur infatigable de la dignité humaine et du respect des droits de l'homme".

Le chef de l'Etat, avait pourtant eu des relations difficiles avec l'ancien député-maire de Fort-de-France. Celui-ci avait refusé de le recevoir en 2005 en raison de la loi sur "le rôle positif de la présence française outre-mer", mais l’avait accueilli l'année suivante. Malgré cette normalisation des rapports entre les deux hommes, le président Sarkozy ne s'est pas exprimé au cours de cet "hommage culturel".
Ce sont les "mots de sang frais" de l'auteur du "Cahier d'un retour au pays natal" qui ont résonné par les bouches de comédiens antillais et africains, auquel des voix blanches n’ont pas été mêlées.
Un grand portrait proclamait ni plus ni moins Césaire "prototype de la dignité humaine" (selon le mot d'André Breton), et des extraits de son oeuvre étaient déployés dans le stade. Une plaque de céramique portant le nom d'Aimé Césaire et "Liberté, identité, responsabilité, fraternité", avait été posée sur un fauteuil de la part du président de la République.


A l’initiative ‘originale’ de Sa Cynique Majesté Royal qui n’est jamais en retard dans l’emballement ‘serein et juste’ et la surenchère, l'idée d'un transfert du poète au Panthéon a été peu débattue, car le poète souhaitait reposer dans sa terre, ce que Désirdavenir n’avait pas pressenti… Dans son effort de récupération du poète et des voix antillaises, le PS était lourdement représenté. Outre de nombreuses personnalités et plusieurs ministres, François Bayrou (MoDem) et des responsables PS, notamment François Hollande, Désirdavenir Royal, Laurent Fabius et Lionel Jospin, avaient fait le déplacement en grandes pompes et souliers vernis...
center
On peut observer ci-dessus Désirdavenir Royal, qui, reléguée au deuxième rang, cherche l'objectif et cadre la lucarne laissée par les deux anciens premiers ministres qui lui font écran... Elle est au bras au côté du craintif Bayrou, l'éjaculateur précoce, aux dires de Sa Cynique Majesté Royal !
George Pau-Langevin faisait-elle partie du convoi ? Le footballeur Lilian Thuram et des délégations d'Afrique et des Caraïbes avaient fait le voyage.
"C'était le meilleur des fils de la Martinique", a lancé un des plus proches compagnons de Césaire, Pierre Aliker, 101 ans. Très ému, il a raconté le combat de la décolonisation et contre le racisme mené par le député (1945-1993) et maire de Fort-de-France (1945-2001).


La cérémonie s'est achevée dans l'émotion partagée de plusieurs milliers de personnes. Le public a longuement applaudi le départ du cercueil, aux cris de "Béïa pour Césaire" (vive Césaire). Accompagné par une foule fervente jusqu'au cimetière de la Joyaux, le "nègre fondamental" a été inhumé à la tombée de la nuit.
Sur sa tombe, des mots choisis par "Aimé" lui-même, tirés de son "Calendrier lagunaire":
"La pression atmosphérique ou plutôt l'historique
"Agrandit démesurément mes maux
"Même si elle rend somptueux certains de mes mots".
Impressionnant, non?…

Trois écrivains seulement, Victor Hugo, Paul Valéry et Colette, ont reçu un hommage national. Pourquoi Césaire, donc , plutôt que Senghor, le premier africain à avoir été élu à l'Académie française, en 1983?
En 2001, les absences de Jacques Chirac, président de l'époque, comme du chef du gouvernement, Lionel Jospin, aux obsèques de Senghor à Dakar, avaient alors été mal vécue par la population sénégalaise. Les poètes français Jules Supervielle, élu Prince des poètes par ses pairs ou Francis Ponge (1899-1988), résistant, n’a pas eu cet honneur… Etaient-ils trop blancs ou pas assez noirs ? Pour nous en tenir aux poètes, prenons aussi l'exemple du diplomate français, Saint-John Perse (de son vrai nom, Alexis Léger, 1887- 1960 1975 -merci à un aimable lecteur qui a signalé l'erreur) né à la Guadeloupe, déchu de la nationalité française par le régime de Vichy , qui déclarera en 1960, à l'occasion de son Prix Nobel, avoir reçu « les félicitations de quatorze gouvernements étrangers mais pas de celui de sa patrie ».


Liberté, (Egalité), Fraternité… et repentance coloniale!

3 commentaires:

  1. C'est trop drôle Pakool !
    Quelle tête elle a sur la photo !
    Une tête à claques comme d'habitude.
    Quant à votre commentaire concernant cette photo, j'en ris encore.
    Et merci de nous informer comme vous le faîtes ; c'est toujours intelligent et documenté.

    RépondreSupprimer
  2. Bonsoir,
    A la lecture de cet excellent article, je constate, me semble-t-il une erreur concernant St John Perse, pour lequel vous indiquez (1887-1960).
    Si l'année de naissance est exacte, je pensais que l'année du son décès était 1975.

    Les dates que vous indiquez correspondent plutôt à René Maran qui reste dans l'histoire comme un véritable précurseur du mouvement de la négritude qui sera popularisé plus tard par de jeunes écrivains, Leopold Sedar Senghor, Aimé Césaire et Leon Gontran Damas qui deviendront tous très connus. Au point d'éclipser et de releguer dans l'ombre un grand écrivain sans doute injustement méconnu et oublié aujourd'hui, y compris en Afrique et dans les communautés noires.
    http://www.grioo.com/info5836.html

    RépondreSupprimer
  3. J'aime bien ce que vous écrivez: nous sommes nombreux à penser comme vous, sans avoir la possibilité de nous exprimer, puisque nous ne sommes jamais sondés par les instituts!...
    Merci de nous faire entendre.

    RépondreSupprimer

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):