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vendredi 15 octobre 2010

Retraite - Les jeunes mesurent-ils les enjeux - et les risques - de la grève ?

Devant le Sénat, faible et « festive; violente, ailleurs

Les jeunes renforcent le mouvement, selon la presse


Une manifestation était organisée vendredi après-midi devant le Sénat. Parce que faible, elle est qualifiée de festive et « solidaire ».

Une centaine s’êtait donné rendez-vous
au jardin du Luxembourg pour protester contre la réforme des retraites, comme les adultes. « C’est une ambiance bon enfant, estime Massira Baradji, le président de la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne (FIDL), syndicat organisation née au lendemain des manifestations contre la loi Devaquet de 1986. Pour lui le gouvernement prendrait "les lycéens et les collégiens pour des gamins et des imbéciles qui n’ont pas la moindre réflexion".

L'UMP a dénoncé leur instrumentalisation, alors les jeunes dans la rue jurent aujourd’hui leurs grands révolutionnaires qu'ils ont plus et mieux à dire que leurs aînés. Pour Claudia, élève en première au lycée Turgot, l’enjeu est la pénibilité du travail : « il y a des gens qui arrivent à 60 ans et ne sont plus capables de travailler », a observé la jeune fille, sympathisant peut-être avec ses professeurs, mais qui n'a pas lu Zola. Elle s’alarme : « Ils vont mourir en travaillant ? » Elle a parcouru Eugène Sue !

Il est évident qu'ils ont pris le temps de laréflexion et ne sont entrés dans le mouvement que lorsqu'ils y ont été invités par FO et SUD.
puis par la CGT (lire PaSiDupes),
voire poussés par Sa Cynique Majesté Royal (lire PaSiDupes).
Ils ont pris le temps d'apprendre leur leçon auprès d'eux et récitent les slogans qui courent les manifs depuis des mois. Les jeunes resortent même des affichettes de la CGT datant de 2008 et X. Darcos (cf. lien ci-dessus)). Et de qualifier d'«aberration », ce projet de réforme des retraites, comme papa.

Du fait de leurs retard à l'allumage, les « jeunes » ne pouvaient donc pas manquer leur entrée.
Ils se sont laissés convaincre que l'Histoire se répète et qu'il ne tenait qu'à eux d'entrer dans les livres scolaires, rêvant que le précédent malheureux du CPE (Contrat Première Embauche) de 2006 soit clonable.
Mais les lycéens sont déçues du nombre de manifestants présents devant le jardin du Luxembourg. « Ça a été organisé au dernier moment », confie son Alina, qui revendique fièrement avoir participé à trois mobilisations lycéennes ces dernières années. Une pro !

Les keufs ne les aident pas !

Pensez donc. Près du Sénat, les CRS ont dispersé les groupes se dirigeant vers le parc du Luxembourg.
Roland est responsable syndical ...CGT du Conseil général du Val de Marne. Cheveux blancs et drapeau rouge au vent, il transmet son expérience à la jeunesse et cornaque ses quelques camarades. L'ancien combattant a plus à dire que ses militants stagiaires et parle à leur place. Il dit les mots qu'il faut, mais qui n'expriment pas un instant la solidarité intergénérationnelle: « Les jeunes ne sont pas des bleus [la notion de mépris], ils se prononcent aujourd’hui sur leur avenir [le filon de la peur ], une période qui va être précaire [message social] pour eux [bien qu'ils soient dans la fleur de l'âge et aient l'avenir devant eux], si on en reste dans la situation actuelle [notion de révolte]». Le vieux briscard passe ensuite à l'offensive et dénonce la violence policière. Et fait de la récupération avec le cas de ce lycéen inconscient, blessé jeudi au visage à Montreuil par une balle de flash-ball, parce que livré à lui-même. Surtout, il ne manque pas de revendiquer l’importance de la solidarité entre les générations lors d’une telle manifestation. La nostalgique de Mai 68 n'est pas morte; la solidarité, si !
Décalées, deux institutrices retraitées venues de Seine Saint Denis accomplissent leur devir syndical et arborent une pancarte blanche à leur cou. On peut y lire : « instits en grève reconductible ». Ces fonctionnaires savent pourtant parfaitement que les chiffres infirment leur propos, que les actives ne risquent pas de perdre des journées de travail et que la masse des enseignants se tient à l'arrière. La chair à canon est aux avant-postes.

La teuf pour enterrer la retraite à 60 ans ?

Le sujet, comme la situation, est grave, mais cette jeunesse-là est plus insouciante qu'angoissée.
Les slogans rivalisent d’ironie ou de provocation, mais l'inventivité fait défaut. On y entend les vieilles rengaines remasterisées: « Sarkozy, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue » ou encore « Sarko, si tu savais….ta réforme…ou on s’la met ».
Quelques jeunes DJ "chauffent" au son d'un mégaphone les lycéens groupés et visiblement à la fête. Le karaoké tarde à s'animer. « Vous êtes là ? », « on ne vous entend pas », « faites du bruit ! » Les chiffres de participation et les parts de marché de la CGT se mesurent au décibel.

Face aux forces de l'ordre qui protègent des extrémistes les élus de la République en séance au Sénat, des camions stationnent le long de la rue. Les uns travaillent à l'avenir des autres qui s'agitent au soleit et surfent sur les vagues des mouvements de foule, s’arrêtent et scandent : « Et un, et deux, et trois CRS… ». Qu'est-ce qu'on se marre ! On est mieux ici qu'en cours... Tous se donnent d'ailleurs rendez-vous dès demain samedi pour la mobilisation. Ils le clament haut et fort : « on veut se faire entendre ! » Les profs, eux, n'ont jamais entendu le son de leurs voix.

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