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mardi 6 décembre 2011

La lucrative collecte de fonds pour la formation professionnelle arrive-t-elle à destination ?

L'usine à gaz de la formation professionnelle fuite plus que le nucléaire



Et ce qu'on sait moins:
les syndicats ne sont pas pauvres !




Les partenaires sociaux, qui collectent l'argent de la formation, se servent largement au passage.

Laurence Parisot, patronne du MEDEF, résume la question avec délicatesse : la formation professionnelle, a-t-elle expliqué aux députés, "est un sujet si complexe que l'on peut toujours envisager l'existence d'un problème à un embranchement". Traduction : dans une usine à gaz, une fuite peut toujours se produire. D'ailleurs, lorsque le plombier fait l'inspection des circuits, il ne se déplace généralement pas pour rien. Il n'est donc pas le seul.



Des collectes de fonds s'évaporent
En 2010, 4 000 contrôles ont été réalisés par l'Administration auprès des OPCA, les organismes - gérés à parité par les syndicats patronaux et de salariés - qui collectent auprès des entreprises les sommes qui seront mutualisées pour être redistribuées sous forme d'heures de formation. L'enveloppe contrôlée, qui s'élevait à 200 millions d'euros, a donné lieu à pas moins de 30 millions de redressement !

Ce chiffre souligne la fréquence des "problèmes d'embranchement", ou dysfonctionnements. La machinerie est en effet tentaculaire : une collecte de près de 6,5 milliards, réalisée par une bonne centaine d'organismes collecteurs gérés par les syndicats, et, au bout de la chaîne, des milliers de centres de formation désireux de tirer profit de cette manne. Seuls les initiés savent circuler dans les dédales de la formation professionnelle, monument du paritarisme cogéré à la française qui, malgré des dépenses plus élevées que nos voisins allemands ou britanniques, contribue si mal à faire fonctionner "l'ascenseur social".

Des rapports, comme les commissions et comités Théodules

Plusieurs rapports successifs ont souligné combien ce terrain est propice aux dérives.
Le gâchis d'abord : certains organismes collecteurs (les OPCA) affichent des frais de fonctionnement de plus de 10 % - jusqu'à 30 % ! L'aisance financière dont ils bénéficient conduit les organismes à pratiquer des niveaux de salaires élevés. En 2007, la Cour des comptes a relevé que la rémunération annuelle des dirigeants régionaux de l'Agefos PME (association de gestion des fonds des PME) pouvait atteindre près de 162 000 euros par an, plus divers avantages matériels...

En réalité, membres des conseils d'administration de ces organismes,les organisations d'employeurs et de salariés tirent un revenu substantiel de cette gestion : près de 66 millions d'euros en 2010. Moitié pour le patronat, Medef en tête, moitié pour les centrales syndicales représentant les salariés. Or, les comptes rendus d'utilisation des fonds sont le plus souvent très succincts.

Un système opaque infiltré par les sectes

Des circuits complexes, une quasi-absence de contrôle
: c'est aussi la recette idéale pour que se développent de vraies escroqueries. Lorsqu'un organisme de collecte possède des liens avec un centre de formation, il peut arriver que le premier accepte de payer au second des heures de formation que celui-ci n'effectue pas... Régulièrement, la justice met le doigt sur des formations bidon ou des systèmes de surfacturation. Consciente de ces failles, l'administration du ministère du Travail a affiché l'objectif d'étendre les contrôles - mais les moyens ne sont pas légion. La nouvelle loi devrait également permettre une meilleure sélection des organismes en amont.

Récemment, la Miviludes, instance chargée de lutter contre les sectes, s'est en outre alertée d'un autre phénomène, corollaire du manque de contrôle : l'infiltration des mouvements sectaires dans le milieu de la formation professionnelle. "De nombreuses structures proposent des formations axées autour de notions de psychologie ou du développement personnel", explique Georges Fenech, président de la Miviludes. "Une partie d'entre elles est sujette à caution. Il faut faire preuve de vigilance avant d'envoyer des salariés en stage." Dans la Région Rhône-Alpes, 35 % des contrôles réalisés ont révélé le caractère sectaire de la formation dispensée. Charlatans, voire gourous, tentent par le biais de la formation d'asseoir leur emprise sur des salariés, et de tisser un réseau en entreprise. La Miviludes estime que 10 % des formations dans le domaine comportemental sont sujettes à caution. Ce qui représente pas moins de 1 200 à 1 500 organismes de formation dans le collimateur...
(Source Le Figaro Magazine du 3 décembre, article de Laurence de Charette)

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