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samedi 7 avril 2012

Libération met le journalisme en danger

Le parti-pris hollandien de Libération, ça va un peu !


On n'est certes pas obligé de lire Libération

L'art contemporain est souvent vécu comme l'agonie de l'art. Or, par soubresauts successifs également, le journalisme court irrésistiblement à sa fin et singulièrement Libération qui investit la campagne présidentielle 2012 comme un espace Schengen, une chance quinquennale à ne pas manquer d'abaisser les frontières de la déontologie professionnelle, de repousser les limites de la médiocrité et de profiter de la grisante liberté de circulation des rumeurs, élucubrations et partis-pris qui, de tribune libre débridée en décryptage hermétique, permet de prendre possession de l'attention du public en diffusant n'importe quoi, impunément. 
Or, si les MJC placent ostensiblement L'Humanité à disposition des jeunes, on peut néanmoins ne pas y jeter un regard et garder sa dignité face au stalinisme revisité par l'équipe Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) - Pierre Laurent (PCF). Mais on est bien obligé d'aller chez le dentiste et, amolli  par la musique d'ascenseur ambiante, de tuer le temps en lectures non choisies. C'est en fait l'occasion de découvrir ce que vivent les condamnés à la double peine: une souffrance physique et morale. Car le socialisme vertueux de Libération sent fort la carie négligée et sa lecture en état de faiblesse sous Ibuprofène provoque toutefois un traumatisme surajouté de la conscience politique. 

Voici le jus qui, samedi dernier un peu plus, tache ce quotidienpoisseux d'avoir été crispé, avatar de son co-fondateur, Jean-Paul Sartre, si louche d'avoir tellement penché à gauche. 


"Bam, babam et bababam. Dans un bel ensemble, la Sainte-Trinité du groupe Lagardère vient de donner du canon: Paris-Match, Europe 1 et Elle." [La troïka Libération, Le Nouvel Observateur et Le Monde, propriété respective des capitalistes Edouard de Rothschild, pour le premierClaude Perdriel (puissant homme d'affaires) pour le deuxième et Pierre Bergé (multi-milliardaire du grand luxe et financeur du PS)Matthieu Pigasse (homme d'affaires, vice-président de Lazard en Europe, et également propriétaire et président du magazine Les Inrockuptibles, actionnaire du journal Le Monde et du Huffington Post, dirigé par Madame DSK, Anne Sinclair) et Xavier Niel (fondateur de Free pour le dernier,  ne provoquent pas les mêmes rejets a priori.]Carla Bruni-Sarkozy dans Match et sur Europe; Nicolas Sarkozy dans Elle. Non, on rigole bien sûr, la madame est dans le journal des dadames [le niveau s'élève !] et monsieur dans le journal des présidents de droite et sur la radio de Jean-Pierre Elkabbach. Ce n'est même plus une opération médiatique gentiment offerte par Arnaud Lagardère [deux fois nommé]  ("frère" autoproclamé du Président) , c'est une croisade. Et en son nom, les Sarkozy ont gentiment remisé leur colère de voir Paris-Match publier l'autre semaine les photos volées, non, chipées, non, prises, enfin les photos de leur fille Giulia au minois déontologiquement recouvert de trois pixels. Ce que nous déclarent les époux sortants? Pff, c'est tellement long et pas intéressant qu'on n'a lu que quelques mots ici et là. "En pleine tête" , "bout portant" , "outrance" , "vulgarité" pour Nicolas Sarkozy dans Paris-Match ; "Ignoble" , "cynique" , "paparazzi" , "machisme" , "modestie" pour Carla Bruni-Sarkozy dans Elle.

Non le mieux, ce sont les questions inscrites en gras dans les deux magazines ou en Elkkabach à la radio. Sur un total de 35 questions dans Match, 10 gravitent autour de Mohamed Merah et 6 autour de Carla Bruni. Joli score. Chez Elle, sur 20 questions, 9 n'en sont pas, la journaliste affirmant des trucs définitifs: "Vous vivez une période très heureuse pour vous." Alors que chez Match, les intervieweurs doutent encore (la distance journalistique, assurément): "Avez-vous profité des bonheurs de la vie ?" [Mais un professionnel qui interroge en tête à tête, c'est un journaliste, une qualité que les deux chroniqueurs ne peuvent décemment revendiquer derrière leur ordi.]

Mais pour les questions, le patron, c'est Jean-Pierre Elkabbach. Vendredi matin, recevant donc Nicolas Sarkozy, il a été impérial. Car Elkabbach, il est au-delà des questions: il n'interroge pas, il encourage, il félicite, il facilite. La réduction du déficit vantée par Sarkozy? "C'est un bel héritage pour votre éventuel successeur ou pour vous-même" . Il clarifie, aussi: "C'est-à-dire que c'est bien pour la dette, c'est bien pour la confiance éventuellement
renouvelée des marchés financiers ?" Il tend des perches grosses comme ça: "Est-ce que vous dites qu'il n'y a pas besoin d'impôts nouveaux pour les Français ?" Il constate: "Dans ce mandat, vous avez été hyper présent, hyper actif." Et il espère: "Il n'y aura pas de pause pour les grandes et vraies réformes même si elles sont impopulaires ?" En face, autant vous dire que Sarkozy n'a pas été avare de "merci Jean-Pierre Elkabbach" , de "Ah ben bien sûr!" et de "C'est exactement ce que je dis" .


[Remercier est non pas une prodigalité, mais une courtoisie élémentaire qui échappe totalement aux "journalistes" arrogants revendiquant l'insolence comme une vertu cardinale de la profession, qui réclament aussi le respect mais ignorent tout des civilités, comme de l'art de l'écriture. Le placage de la pensée dominante non assimilée ne produit pas moins de branches mortes à Libération qu'ailleurs. Et, non-étayée, l'ironie entre les mains d'amateurs manquant de fond, façon Pulvar sans ses notes, est non seulement inopérante, mais dérisoire.]
Il nous manquera, Jean-Pierre Elkabbach.
Chronique de  Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts 

[On peine , en revanche, à imaginer que cette paire d'écrivaillons puisse faire un jour défaut, quand ce journal, autrefois respectable, se sera débarrassé de ses verrues suintantes.]
Des regards croisés ? 


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