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jeudi 18 octobre 2012

Le torchon franco-allemand brûle à Bruxelles

Hollande et Merkel sont-ils euro-compatibles ?

Un dialogue de sourds  fait craindre un sommet pour rien. 

François Hollande et Angela Merkel restaient engagés jeudi soir dans le plus sérieux bras de fer franco-allemand de la crise de l'euro, compromettant un sommet européen que leurs partenaires avaient espérés sans histoires. Anticipant les déboires à venir de la France, le président plaidait pour un calendrier précis d'aide financière aux pays fragiles comme l'Espagne, mais bientôt la France aussi bien, tandis que la chancelière voulait avancer vers une discipline budgétaire centralisée pour tous les pays de l'euro.

Juste avant son départ, la chancelière a vigoureusement relancé son ambition de confier à Bruxelles un droit de veto sur les budgets et les déficits des États de l'euro, France comprise. Dans la foulée, elle a fait savoir qu'elle n'attend "pas de décision concrète" du sommet sur la priorité de François Hollande: une avancée décisive vers une supervision européenne des banques, d'ici à la fin de l'année.

La riposte du président français n'a pas tardé: "Le sujet, c'est l'union bancaire et pas l'union budgétaire", a maintenu mordicus le chef de l'État lors d'un déjeuner avec les dirigeants du Parti socialiste européen. À ses yeux, "la seule décision à prendre" concerne la mise en place de la mise sous tutelle des 6000 banques de la zone euro, engagée lors du dernier rendez-vous européen, le 29 juin.
Le projet est très technique. C'est pourtant le sésame qui autoriserait des interventions massives de la BCE et du nouveau Mécanisme européen de stabilité (MES) au bénéfice de Madrid et d'autres capitales endettée.

Le président, soutenu par l'Italie, l'Espagne et d'autres pays du Sud, veut sortir du sommet avec en poche un calendrier précis de mise en route de la supervision bancaire. Le président a tracé une ligne rouge mercredi, dans une interview à six quotidiens européens: "Je veux que toutes ces questions soient réglées d'ici à la fin de l'année."  La chancelière, elle, semble de moins en moins pressée de tenir l'échéance. L'Allemagne craint d'être sollicitée financièrement dès que les vannes seront ouvertes.


"Nein" aux eurobonds

Le compromis semblait se dessiner en fin de soirée, après une franche explication franco-allemande en tête-à-tête. Le cadrage politique de la supervision bancaire devait être achevée au 31 décembre, avec peut-être une grande partie du travail législatif. François Hollande pourrait ainsi sortir la tête haute.
Mais la mise en oeuvre effective de la surveillance des banques -notamment allemandes- par la BCE, initialement espérée par Bruxelles à partir de janvier 2013, serait repoussée d'au moins quelques mois, comme le réclame Angela Merkel. "Il est illusoire d'imaginer que tout puisse se mettre en place au 1er janvier", précise un responsable au fait de la discussion. La recapitalisation directe des banques espagnoles pourrait être aussi repoussée pour tenir compte d'une échéance cruciale pour la chancelière: les élections au Bundestag.

Le fossé qui s'était creusé en 48 heures entre Paris et Berlin avait fait craindre un sommet pour rien

Le chef de l'État a reconnu les divergences franco-allemandes, en les attribuant à des calendriers politiques décalés: la France sort d'une présidentielle, alors qu'Angela Merkel "a ses propres rendez-vous", dénonce Hollande, avec une bataille décisive en septembre prochain.

Signal qu'elle est déjà partie en campagne pour rallier l'opinion allemande, Angela Merkel a plaidé jeudi matin devant le Bundestag pour "un véritable droit d'ingérence sur les budgets nationaux quand ils ne respectent pas les limites fixées" au niveau européen. Sous les applaudissements, elle a aussi rejeté l'un des projets fétiches de François Hollande: les euro-obligations. "L'Assemblée nationale française devrait alors décider de notre budget et le Bundestag du budget italien, assure-t-elle. Cela n'aurait pas de sens."


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