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vendredi 27 septembre 2013

Rom: le gouvernement n'applique pas ses propres règles pour le démantèlement des camps

Le défenseur des droits met le gouvernement en accusation

Dans la polémique Duflot-Valls, Alain Vidalies et Arnaud Montebourg ont louvoyé autour de la circulaire d’août 2012, un texte mal appliqué, dénonce Dominique Baudis. 

Le défenseur des droits a accusé ce vendredi le gouvernement de ne pas appliquer une circulaire du 26 août 2012 encadrant le démantèlement des camps de Rom. 
Pendant les seuls mois de juillet et août, cette année, deux à trois milliers de clandestins rom ont été délogés des terrains qu’ils occupaient illégalement – un chiffre comparable à celui de l’été 2011 et nettement supérieur à celui de l’été 2010, à l’époque du sarkozysme : Saint-Etienne, Lyon, Lille, Marseille, Aix en Provence, La Courneuve, Stains, Vaulx-en-Velin, Evry, Saint-Priest... : la liste, non exhaustive, continue de s’allonger jour après jour, malgré les belles promesses du président.
Aux violences contre les personnes et les biens s’ajoute le mépris de la loi: ainsi, à Evry, ville dont Manuel Valls fut le député-maire, l’expulsion est intervenue sans décision judiciaire préalable et le juge a désavoué a posteriori l’initiative du préfet qui avait cru pouvoir anticiper une décision favorable. Les évacuations ne sont accompagnées d’aucune proposition d’hébergement alternatif, sinon, parfois, quelques hébergements d’urgence -et prioritaires sur les demandes régulières- relevant du SAMU social.

Cette circulaire interministérielle n’est pas appliquée dans tous les cas, loin s’en faut ", a affirmé Dominique Baudis en ouverture d’un colloque sur le sujet à l’Assemblée nationale. "Trop souvent les évacuations se produisent sans décision de justice préalable. Trop souvent le délai des trois mois entre le jugement et le démantèlement n’est pas respecté", bien que ce délai soit "nécessaire" pour réaliser les diagnostics des populations, a-t-il expliqué.

Sachant que 
l’évacuation des campements débouche en outre sur des conditions tout aussi illégales d’éloignement du territoire, le ministre de l’Intérieur est pris en défaut dans ses promesses orales et médiaitiques d’humanité associée à sa fermeté. La réalité des chiffres et des actes dément cet affichage politique.


La circulaire interministérielle prévoit pourtant un diagnostic social des populations en amont des évaluations et un accompagnement en aval. 
Elle est signée de C. Duflot, V. Peillon, MA Carlotti, G. Pau-Langevin, M. Sapin, M. Touraine et M. Valls.
En juillet, Dominique Baudis avait déjà dressé un bilan repris par le GISTI et formulé des recommandations. "Hélas, à ce jour, nous n’avons toujours pas de réponse" du sombre Ayrault de Matignon, a-t-il regretté. "Confronté à ce silence (...), j’ai relancé le Premier ministre dès cette semaine au sujet de notre bilan et de nos recommandations", a-t-il ajouté.

Jeudi, Jean-Marc Ayrault avait présenté cette circulaire comme " la politique du gouvernement" pour tenter de mettre un terme à la polémique née des propos controversés de Manuel Valls . "Il y a tout dedans, y compris la fermeté, y compris le respect du droit mais aussi tout le travail d’intégration, tout le travail d’accompagnement social", avait assuré un chef du gouvernement sourd à l'alerte lancée sur son application scrupuleuse et respectueuse.

"Il faut conjuguer les deux positions"


Plusieurs voix du gouvernement se sont fait entendre pour appuyer ces éléments de langage officiels, ce vendredi matin.

Alain Vidalies, le ministre des Relations avec le Parlement, a ainsi commenté  la dispute Duflot-Valls pour en dire que "chacun joue sa partition sur une question qui est une des plus difficiles qui soient" ! Il a tout de même pointé "de l’excès" dans les propos de Dufot, la ministre EELV. Locataire à tiers temps du ministère du Logement, elle a violemment accusé jeudi le ministre de l’Intérieur d’être allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain", quand il a dit tout haut ce que pensent tout bas les Français: les Rom pourraient mais une majorité ne veut pas s’intégrer en France.
"Le président de la République, le Premier ministre, ils ont une position dans cette affaire " !, rassure-t-il. "Cette position, ce n’est ni ce qui a été exprimé par Manuel Valls sur uniquement la partie répressive, ni ce qui a été dit par Cécile Duflot sur la partie traitement humain". "La position du gouvernement, c’est la circulaire d’août 2012", a-t-il répété.
Selon le ministre, François Hollande devrait finalement réagir à ce différend public. "Il va rappeler ce qu’est la position : il n’y a pas deux positions différentes à l’intérieur du gouvernement. Il n’y en a qu’une et peut-être va-t-il dire à chacun des solistes : il faut conjuguer les deux positions", l’un plus sur la sécurité, l’autre plus sur l’intégration. "Il faut tenir les deux bouts" et "ce qui est un peu regrettable, c’est qu’effectivement, il y ait des lectures, chacun dans son champ de compétences, uniquement d’une partie de la circulaire", a poursuivi Alain Vidalies. Un ministre qui parle pour ne rien dire.

Arnaud Montebourg a fini par relativiser aussi vendredi la polémique Duflot-Valls. Alors que le président était à Florange, sans lui, tout ministre de l'Industrie et de la gloriole qu'il soit, il n'a rien dit d'autre: " la politique du gouvernement a été fixée par le Premier ministre dans une circulaire signée par les différents protagonistes", dont il n'était déjà pas, en août 2012... Il avait lui-même critiqué trois jours plus tôt les propos de son collègue de l’Intérieur, après avoir d'abord appelé sur RTL à  lui " rendre hommage" dans une tâche difficile. "On peut soutenir une action et condamner un propos, ce sont des choses assez simples", a justifié le danseur en tutu rose, dans l'un de ses entre-chats. "Quand on enlève la question des propos et que l’on revient sur le terrain, il y a de l’exaspération, liée à des occupations de terrain illicites, des actes de délinquance, Manuel Valls n’a pas la tâche facile", avait-il estimé. Il y a "un cadre, qui est équilibré et qui fait fonctionner l’action du ministre de l’Intérieur, que je soutiens", avait insisté Arnaud Montebourg. "Dès que l’on est plus de deux, on peut avoir des désaccords et malgré tout faire de grandes choses ensemble", s'est-il justifié, au final.

Arnaud Montebourg : "On peut soutenir une... par rtl-fr

"Si vous me faites parler d’elle [l'Europe], 
je ne vais pas être agréable"

De son côté, Claude Bartolone s’en est violemment pris ce vendredi à la Commission européenne. Il dénonce aujourd'hui son incapacité à comprendre les difficultés engendrées en France par l’ouverture des frontières aux Rom de Bulgarie et de Roumanie. Les propos de la Commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, qui a vivement critiqué mercredi Manuel Valls , ont mis  le président socialiste de l’Assemblée nationale dans une colère noire. "Si vous me faites parler d’elle, je ne vais pas être agréable", a-t-il lancé sur Europe 1. "Elle est tout ce qui nous amène à ne plus aimer l’Europe. L’Europe ne peut pas être l’Europe des pères ou des mères fouettards. Au lieu de venir nous menacer, elle devrait venir sur le terrain voir ce qui ne marche pas dans les décisions prises par l’Europe. On en a ras-le-bol de ces commissaires européens, de ces Barroso et de leurs enfants, qui n’ont comme vision de l’Europe que l’Europe de la sanction", a ajouté l'ancien président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis.


Démantèlement d’un campement de Roms à Roubaix
Un campement, abritant une centaine de Roms, a été démantelé ce vendredi matin dans le centre-ville de Roubaix (Nord). « L’évacuation des familles a dû commencer un peu avant 7 heures », selon Majdouline Sbaï, vice-présidente (EELV) du conseil régional Nord/Pas-de-Calais, présente sur place. La préfecture du Nord a confirmé dans un communiqué peu après 9 heures l’évacuation « dans le calme » de ce « campement illicite ». « Un départ volontaire de 25 caravanes avait eu lieu dans la soirée précédant l’évacuation » qui « permet de mettre fin aux conditions de vie insalubres sur ce terrain », poursuit la préfecture.


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