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dimanche 20 juillet 2014

Berlin barre Pierre Moscovici au poste de commissaire à l’économie

Logiquement, le ministre allemand des Finances juge le déficit français incompatible avec le poste de commissaire à l’économie

Wolfgang Schäuble a émis des doutes sur la capacité de la France à gérer le portefeuille des affaires économiques et monétaires européen
,
 
au regard de son déficit excessif.

Le ministre allemand des Finances n'est pas favorable à un commissaire français aux affaires économiques et monétaires. Or, c'est l'ancien ministre français des Finances, Pierre Moscovici, qui est actuellement candidat à la succession d'Olli Rehn, le commissaire finlandais en charge de cet important portefeuille. Et, de son côté, l'Élysée se refuse toujours à confirmer ou démentir le nom de Pierre Moscovici, le ministre évincé du gouvernement avec J.-M. Ayrault, à l'occasion de l'arrivée de Manuel Valls. 
Hollande limite ses ambitions à "un grand portefeuille économique au sein de la prochaine Commission" pour la France.

Lors d'une réunion organisée par le Centre de politique européenne (CEP) à Fribourg, Wolfgang Schäuble a notamment pointé du doigt les difficultés de Paris à ramener son déficit sous la barre des 3% du PIB, difficilement compatible, selon lui, avec un portefeuille économique au sein de la prochaine Commission européenne. 

Dérapage budgétaire

Au-delà de l’appartenance politique de ce membre du parti politique d'Angela Merkel, l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU)la gestion économique du gouvernement français  inquiète outre-Rhin.
La France enregistre en effet depuis 2009 un déficit excessif que le gouvernement français peine à corriger dans le temps qui lui est imparti, soit d'ici 2015. A l'automne, la nouvelle Commission européenne devra d'ailleurs examiner le plan budgétaire de la France et si la Commission devait le rejeter, Paris s'exposerait alors à des sanctions. 

Or, c'est au commissaire chargé des affaires monétaires de veiller au respect du pacte de stabilité. Dans un tel contexte, la question de la compétence de la France pour ce poste est posée, pour le ministre. "Des gens plus intelligents que moi devront trancher la question", a déclaré Wolfgang Schäuble. Très diplomatiquement, le ministre allemand a toutefois précisé que, même si souvent il ne partageait pas l’avis de son homologue français, il avait une totale confiance en lui 

En France,
les eurodéputés de droite ont abondé sur le handicap de la gestion économique de l'ancien ministre socialiste et manifesté leur opposition à sa candidature. "Quand il était ministre, Pierre Moscovici s'est constamment assis sur les recommandations de la Commission. Quelle légitimité aura-t-il pour imposer aux autres ce qu'il a refusé de s'imposer à lui-même ?" souligne Philippe Juvin, porte-parole des députés européens UMP-PPE.

Le pacte de stabilité remis en doute ?

Le parti libéral FDP a pour sa part fermement rejeté la candidature de Pierre Moscovici. Selon Alexander Graf Lambsdorff, président de la délégation du FDP au Parlement européen, l’ancien ministre français des Finances porte une part de responsabilité dans le déficit français. Par conséquent, les libéraux allemands ne voteront pas pour lui à la succession du Finlandais, Olli Rehn.

Lüder Gerken, économiste allemand, considère même que la nomination de Pierre Moscovici pourrait "nuire considérablement" au pacte de stabilité et de croissance"Pierre Moscovici, en tant que ministre des Finances, a lui-même contribué à ce que la France ne respecte pas les délais en vue de résorber son déficit. Ceci montre clairement qu'il remet en question les principes du pacte. Cet état de fait laisse craindre qu'il n’impose pas la discipline budgétaire requise auprès des États membres s’il était amené à occuper ce poste."
L'économiste a également rappelé que le responsable des affaires économiques et monétaires est chargé d’imposer ou non des sanctions en cas de déficit excessif. 

Dans un entretien au Spiegel la semaine dernière, Moscovici a défendu la politique qu'il avait menée comme ancien ministre des Finances. "Tout processus de réforme prend du temps", avait-il répété Outre-Rhin. "Au début de ce millénaire, l'Allemagne était considérée comme l'homme malade de l'Europe. L'économie a connu une embellie, seulement après des années de réformes strictes" a-t-il ajouté, inconscient du fossé entre les mentalités de part et d'autre du Rhin et de la concertation syndicale active avec le gouvernement allemand.

Maintenant que le président de la Commission a été élu par le Parlement européen, il reste encore à trouver un accord avec les différents gouvernements des États membres pour distribuer les différents portefeuilles de l'exécutif européen. Chaque État membre doit présenter son candidat. Seul le Luxembourg n'aura pas à nommer quelqu'un, étant donné que le poste de candidat est déjà "occupé" par Jean-Claude Juncker. L'Allemagne a déjà proposé Günther Oettinger, l'actuel commissaire en charge de l’énergie.

Chaque candidat à un poste de commissaire devra se présenter devant les eurodéputés et passer une audition publique afin d'attester ses aptitudes et compétences pour le poste. Selon les prévisions, les auditions auront lieu au début d'octobre prochain. Le vote sur l'ensemble du collègue devrait se tenir lors de la session plénière du même mois. La nouvelle Commission pourrait se mettre au travail dès le 1er novembre 2014 dans les délais prévus.

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