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mardi 1 mai 2018

Les dépenses privées des Macron ne nous coûtent pas moins cher que celles de leurs prédécesseurs

Après un an de macronisme, le renouvellement des moeurs politiques n'a toujours pas commencé

Les pratiques de Macron concernant ses dépenses privées tranchent-elles avec celles de ses prédécesseurs ?
 

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Est-ce qu'elle paie elle-même ses extensions
et lui? ses lingettes ?
Quand Nicolas Sarkozy était Président, payait il ses dépenses personnelles, ainsi que celles de sa femme et de ses enfants ? Cette question est suscitée par l'article du journal Le Parisien vantant une attitude irréprochable d'Emmanuel et Brigitte Macron en matière de dépenses privées. Tant de flatteries accumulées finissent par interpeller et, avec cette flagornerie de trop dans les colonnes de ce journal de courtisans, la coupe est peut-être pleine. Vérification faite, cette assertion du Parisien est une nouvelle infox, ou 'fake news', pour les défenseurs de l'hégémonie de l'anglais dans le monde.
Les prédécesseurs d'Emmanuel Macron faisaient-ils moins bien en la matière que les exemplaires Macron ? En fait, à en croire René Dosière, un analyste qui consacre sa vie à révéler les dépenses des uns à l'Elysée et à masquer celles des autres, les pratiques d'Emmanuel Macron ne constituent guère une révolution et sont "dans la continuité de ce qui s'est mis en place sous Nicolas Sarkozy et de ce qui se pratiquait sous François Hollande". Macron ne fait pas mieux, mais c'est la faute de Sarkozy... A la bonne heure ! 
Le Parisien s'esbaudie de ce que les Macron déboursent eux-mêmes les courses de ce prestigieux logement de fonction, du dentifrice jusqu’aux croquettes de Nemo ! "Economies obligent, ils n’ont pas changé un seul meuble à l’exception… du matelas", précise la gazette parisienne, un brin prosaïque. Rivalisant à cet égard avec la presse caniveau, elle ajoute que le président acquitte aussi une taxe d’habitation, "pas la moindre des cocasseries" pour celui qui veut la supprimer. Ne demandons pas au Parisien de préciser que cette suppression n'impose aucune contrepartie  aux 20% les plus aisés, donc au banquier et à sa retraitée de la fonction publique que la hausse de la CSG ne semble pas affecter: elle vit (bien) des bénéfices de la maison Trogneux, maîtres-chocolatiers qui, pour autant, ne comptent pas redistribuer leur fortune sous la forme de diplômes en chocolat aux “professionnels du désordre” estudiantin...
"Vous devriez installer un compteur d’eau et d’électricité. C’est, paraît-il, ce que faisait de Gaulle, ça ne peut que plaire au président", avait achevé Dosière. 

Lorsqu’il se déplace à titre privé, le tandem présidentiel paie aussi ses chambres d’hôtel.
Résultat de recherche d'images pour "lingettes de Macron Macron"Dosière n'a pas à justifier ce choix, mais Le Parisien feint d'ignorer ce que son confrère Europe 1 a révélé : Macron a dormi aux frais de la princesse à la préfecture de Haute-Vienne, à Limoges, après un "banquet républicain" avec des élus locaux, avant de se rendre à la commémoration du massacre nazi d'Oradour-sur-Glane. Il ne fallait pas mettre le doigt sur la contestation populaire : les belles images de proximité sont souvent écornées par des manifestations sociales bruyantes et violentes qui interdisent à Macron la fréquentation des Formule 1, par ailleurs réquisitionnés pour les migrants. 
Aucun président ne paie les dépenses de sécurité, liées à la fonction. 

Preuve de l'"intox"
ci-dessus :

En régime totalitaire (mais pas que...), le rôle du 'fact checker' au service du pouvoir est de nier les faits.

Lorsque les Macron ont célébré Noël en famille à Chambord, ce serait Brigitte Macron qui aurait insisté pour régler la facture, dans la crainte d'une polémique sur une dérive monarchique. Rien n'atteste le paiement, et encore moins son montant, mais il est bon de le faire croire, tout en fabriquant l'image de l'épouse de bon conseil.

Et lorsqu’ils utilisent les avions Falcon et les hélicoptères de l’Etat pour une escapade privée - sécurité oblige - assure Le Parisien, ils adressent un chèque au ministère de la Défense, pour une somme équivalente à un vol commercial. Mais est-ce à dire que les routes de France ne sont pas sécurisées. A son époque, Sarkozy n'a-t-il pas voyagé de Paris à Marseille par la route, sous escorte ? "C’est autour de 170€, comme un billet Air France", indique un expert anonyme, qui précise qu’une heure de Falcon coûte tout de même… 5 à 6.000€.  Ce que ni lui, ni Le Parisien ne précise, c'est que Macron peut bénéficier de ristournes: ce fut ainsi le cas des locations de ses salles de meeting lors de la campagne présidentielle du candidat, à la différence de ses concurrents...

Que faisaient les prédécesseurs d'Emmanuel Macron ?
 

A peu près la même chose, admet le socialiste Dosière.
L'article du Parisien suggère pourtant que ces pratiques vertueuses sont inédites… ou quasi. Au directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, l'infatigable contrôleur des dépenses élyséennes, début juillet, l’ex-député René Dosière conseilla : "Si j’étais vous, j’annoncerais que le couple présidentiel prendra à sa charge tous ses frais personnels". Depuis longtemps, pourtant, ce n'est plus le contribuable qui paie, mais il ne le sait pas et il faut lui faire savoir. 

Fallait-il pour autant claironner que les Macron sortent le chéquier et la carte bleue pour la quasi-totalité de leurs dépenses privées, puisque François Hollande et, avant lui, Nicolas Sarkozy, le faisaient déjà? "Longtemps, en effet, c’est le contribuable qui a payé", écrit l'article, entretenant l'ambiguïté pour les besoins de la cause des Macron qu'il enjolive. 
Les usages sont peu ou prou les mêmes depuis une dizaine d'années en matière de prise en charge des dépenses privées par les locataires eux-mêmes de l'Elysée
Sarkozy et Hollande aussi payaient leur taxe d'habitation et Le Parisien précisant qu'Emmanuel Macron paye sa taxe d'habitation n'en fait-il pas un peu trop ? D'autant que ce n'est pas encore vraiment le cas, puisque Emmanuel Macron n'était pas occupant des lieux en janvier 2017. 
N'en déplaise aux zélateurs du Groupe Les Echos-Le Parisien (et aussi Aujourd'hui en France et Radio Classique), détenu par le groupe de luxe LVMH propriété de l'homme d'affaires Bernard Arnault, ce n'est avant l'année prochaine qu'il payera sa taxe d'habitation pour son logement élyséen. Et ce ne sera pas une révolution: c'était déjà le cas sous Nicolas Sarkozy et François Hollande ! 
Voilà ce qu'écrit René Dosière dans l'ouvrage L'Argent de l'Etat (2016) : "Détail amusant, il y a dix ans pile poil, un article de l'hebdomadaire Le Point (propriété de François-Henri Pinault, lequel fit connaître son intention de voter pour François Hollande) évoquait d'ailleurs le fait que le couple présidentiel de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni honorait sa taxe d'habitation… en commettant la même approximation que l'article du Parisien paru à propos d'Emmanuel Macron, puisque, à l'époque, le nouveau président ne pouvait pas avoir payé la taxe d'habitation pour un appartement élyséen qu'il occupait depuis moins d'un an. 
"Depuis qu’il s’est remarié, il traîne beaucoup moins ici", assure-t-on à la présidence, selon Le Point. Le soir venu, quand la France ne le réclame plus, il retrouve en effet Carla, chez elle, dans son hôtel particulier du 16e arrondissement. Le week-end, ils sont à l’Elysée, à l’abri des paparazzis. A ce titre, le président s’est acquitté en janvier de la taxe d’habitation : 300 euros. Ils occupent l’appartement privé, tapissé de photos de Bettina Rheims montrant un Sarkozy au milieu de ses fils. "Pour les enfants, l’Elysée, c’est l’idéal", confie Carla. 

Si le président paye sa taxe d'habitation, qu'en est-il des dépenses privées ? 
Depuis une dizaine d'années, le président de la République n'est plus intégralement pris en charge par le contribuable, notamment depuis la mise en place d'une rémunération présidentielle. René Dosière : "La rupture en matière de dépenses privées remonte à la fixation au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy d'une rémunération présidentielle. 
Nicolas Sarkozy, dès son arrivée au pouvoir, met fin à cette opacité en décidant de faire basculer la fixation du salaire présidentiel dans le domaine de la loi. Un véritable "effet de transparence", accorde le socialiste René Dosière, bien que le texte de loi soit, à l'époque, très mal accueilli par la gauche. Il faut dire que cette légalisation s'est accompagnée d'une augmentation sensible du salaire présidentiel. Fixé à 7.984 euros net par Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy l'a aligné sur celui du premier ministre, soit l'équivalent de 21.300 euros net mensuels. Autre différence, si la rémunération de Jacques Chirac était entièrement imposable, seule l'indemnité de fonction, soit 4.260 euros sur les 21.300 euros, le fut désormais.
Mettant en application l'une de ses promesses de campagne, l'ex-candidat socialiste obtint par décret une diminution de 30% de la rémunération du président de la République, qui passa de 21.300 euros à 14.910 euros. Depuis, 
indexée sur le traitement des fonctionnaires, cette rémunération atteindrait 14.999 euros. Depuis janvier 2017, la totalité de cette somme est désormais imposable.
Une enquête de la chaîne CNN a révélé que la rémunération de François Hollande le plaçait, en mars 2015, à la septième position du classement des chefs d'Etat les mieux payés des 12 pays les plus riches de l'OCDE. Il était devancé par Barack Obama (31.000 dollars par mois), mais également par Angela Merkel (18.000 euros par mois) ou par le Britannique David Cameron (l'équivalent de 16.800 euros mensuels).
Les anciens présidents coûtent dix millions d'euros par an à l'Etat.
Lors de ses années à l'Elysée, Macron gagnera entre 15 000 et 19.000 euros par mois.
"Le périmètre du budget de l'Elysée avait été modifiée, une clarification opérée entre les dépenses publiques et privées. Et le tout avait été placé sous le contrôle de la Cour des comptes." 
En 2009, pour la première fois, donc, la Cour des comptes se livra à l'exercice annuel du contrôle de l'exécution du budget de la présidence de la République. Le rapport, sous la forme d'une lettre d'une vingtaine de pages adressée au président, pointe justement le fait que des dépenses privées auraient été payées par le budget de l'Elysée. Mais le rapport note que la somme a été remboursée, et que des instructions ont été données pour que la facture relative aux dépenses privées du président et de sa famille soient désormais réglées par le Président.
En 2011, la rapport annuel se félicite que les dépenses privées soient directement payées par le Président et non plus pré-financées. Preuve donc que le Président doit en théorie payer ses dépenses privées. 

Reste à définir ce qu'on entend par dépenses privées. La question des croquettes du chien Nemo ou du dentifrice partagé par le couple présidentiel se pose-t-elle ? "Oui, estime René Dosière. Même si depuis dix ans, la frontière entre les dépenses privées et publiques a probablement dû se clarifier.
Même s'il existe forcément des zones grises, admet René Dosière : "Quand un président invite sa famille ou ses amis à dîner à l'Elysée, le repas est préparé par les cuisines de l'Elysée. En théorie, les repas devraient être remboursés sous forme de forfait. Mais c'est difficile à voir, puisque ne figurent pas de ligne "remboursement présidentiel" dans les comptes de l'Elysée." Sauf que certains membres peuvent y prendre pension, sans aucune légitimité
Il en va de même pour l'utilisation de l'eau ou de l'électricité, dont René Dosière avait suggéré à l'équipe Macron qu'elles soient payées par le Président. Sans qu'on sache si le conseil a été entendu. 

Quid des déplacements privés ? 
Angélique, l'article du Parisien certifie que Macron paye - certes très partiellement - ses déplacements privés. Comme ses salles de meeting en campagne présidentielle... 
Dès 2009, la Cour des comptes notait que le Président était amené dans le cadre de ses déplacements privés à employer des lignes commerciales régulières… mais devait malgré tout être accompagné d'un avion de la flotte officielle ! D'où une "absence d'économies", si on veut, mais une double dépense, en fait. La cour justifiait donc l'usage d'un avion officiel pour tout déplacement, y compris les voyages privés. Ces derniers devant donner lieu à un remboursement forfaitaire. Selon René Dosière, cette préconisation est devenu l'usage aussi bien pour le Président que le Premier ministre. 
En août 2011, alors député (Aisne), Dosière avait même interrogé François Fillon et Nicolas Sarkozy sur le nombre de voyages privés effectués, ainsi que le montant des remboursements versés. François Fillon avait répondu, indiquant avoir effectué sept déplacements privés avec la flotte gouvernementale, dont six en 2010, et remboursé 6.955,70 euros pour une durée de vol de 13 heures 05. Là encore, les remboursements forfaitaires modiques évoqués concernant Macron n'apparaissent donc pas comme une révolution. 
Toujours pas de renouvellement de la vie politique...

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