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mercredi 12 septembre 2007

Retraites : régimes spéciaux anachroniques et injustes

Le gouvernement devra améliorer la méthode
Peu importe qu’ils menacent le pays d’un hiver 1995 qui vit la France paralysée par la grève des cheminots, obligeant Alain Juppé à capituler. La réforme des régimes spéciaux de retraite des grandes entreprises publiques est annoncée clairement dans le programme de Nicolas Sarkozy, elle est aussi assumée désormais par les socialistes eux-mêmes. «Cette réforme, elle est prête, parce qu'elle est très simple à faire. Il s'agit d'aligner les régimes spéciaux sur celui de la fonction publique, une mesure d'équité que tous les Français comprennent», a déclaré le Premier ministre sur Canal+.
Elle est nécessaire puisque les privilèges hypocritement baptisés ‘avantages acquis’ et consentis aux bénéficiaires de ces régimes spéciaux génèrent mécaniquement un déficit annuel de l'ordre de 4,5 milliards d'euros. En d'autres termes, la retraite privilégiée des agents d'EDF de la SNCF ou de la RATP est financée par le reste d'une collectivité priée de se serrer la ceinture.
A l'heure où l'on cherche des solutions pour sauver notre système de retraite dans son ensemble, autant commencer par ce qui saute aux yeux. Imagine-t-on un instant que la grande discussion de 2008 sur la deuxième phase de la loi Fillon, qui durcira nécessairement l'accès aux droits à la retraite de l'ensemble des Français, puisse débuter sans que le cas des régimes spéciaux ait été traité ? Peut-on accepter une société inégalitaire dans laquelle certains cotiseraient 41 ans et d'autres 37,5 ?
L'opinion est prête, l'opposition aussi. En dépit des rodomontades de circonstance, les syndicats eux-mêmes ont fini par s'y résoudre. Seuls les extrémistes de SUD-Rail et, dans une moindre mesure, la CGT, brandissant la menace d'un cataclysme social, persistent à défendre une ligne Maginot absurde. Leur surenchère démagogique, aussi ridicule qu’intenable : alignons le régime général des retraites sur les régimes spéciaux ! - achève de les décrédibiliser. Reculer sur un tel sujet face aux jusqu'au-boutistes, c'est renoncer par avance à tout le reste. Il s’agit pour le gouvernement de ne pas caler sur les régimes spéciaux, s’il veut mener les réformes indispensables dont la France a besoin pour sa modernisation.

Puisqu'il dispose du consensus quasi général des partenaires sociaux et de l'opposition, le seul défi de F. Fillon est une mise en place sans hâte ni brutalité. La fonction publique, à cet égard, n’a pas été ménagée : on peut parler d’une charge à la hussarde que la nécessité et l’urgence ne justifient pas lorsque l’humain est en cause. La question de la méthode est donc loin d'être secondaire et le Premier ministre devra faire la démonstration de son respect des Français.
François Hollande a d’ailleurs mis en garde dimanche le gouvernement contre toute «précipitation» et toute «brutalité». Le Premier secrétaire du PS a demandé un effort au Premier ministre et F. Fillon ne doit pas tout faire capoter ! «Il a une formule qui à mon avis n'est pas forcément la bonne de dire 'maintenant nous sommes prêts à prendre un décret ou une loi'. Non. Je crois que la bonne manière de faire, c'est ouvrir la négociation, laisser du temps aux partenaires sociaux pour conclure», a déclaré François Hollande. «S'ils n'y parvenaient pas, c'est aux pouvoirs publics de reprendre effectivement l'initiative. On peut donner un délai de trois à six mois», a-t-il jugé. «Aujourd'hui, ce n'est pas un signal qui doit être donné, c'est une négociation qui doit être ouverte.»
Les récentes cachotteries du gouvernement ont déjà irrité suffisamment les syndicats pour ne pas en rajouter. Plutôt que de faire de grands mystères autour d'un décret fantôme, pourquoi ne pas dire les choses simplement ? L'instauration d'une nouvelle relation de confiance avec les partenaires sociaux mérite bien un effort de transparence. Certes, Sud (-Rail) ne sait rien faire d’autre que de menacer : en refusant systématiquement le dialogue, il est en cohérence avec ses mobiles révolutionnaires, mais en se mettant hors-jeu, il ne doit pas pousser des cris d’orfraie. Quant au gouvernement, à l’occasion de ces négociations, il devra créer un nouveau climat relationnel qui permettra d’aboutir à un meilleur équilibre des finances publiques et des relations entre les Français, mais aussi préparer, pour les réformes à venir, les conditions d’une meilleure confiance dans le dialogue.

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