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lundi 22 septembre 2008

Afghanistan - L’opposition fera-t-elle bon usage de sa nouvelle prérogative?

La présence des troupes françaises en Afghanistan
Les députés et sénateurs voteront aujourd’hui lundi sur le maintien des 3.300 militaires français engagés face aux taliban en Afghanistan.
Le PS, qui réclame une réorientation de la stratégie militaire française sur place, devait harmoniser lundi les positions du groupe contre lemaintien des troupes françaises. Les affrontements seront très vifs toutefois lors du débat sur la présence des troupes françaises en Afghanistan, l’un des temps fort avec le RSA de la session extraordinaire.

La loi constitutionnelle du 23 juillet 2008, elle-même fort débattue, promeut la "coproduction" législative : les élus de la majorité, menés par Jean-François Copé, comptent en faire bon usage, mais l’opposition qui pourra débattre sur la politique du gouvernement, se plaint déjà que le dénouement ne fait aucun doute et ne se satisfait donc pas non plus de son statut démocratique de minoritaires : les mauvais joueurs voudraient sans doute confisquer le pouvoir à la majorité démocratique ?
Le débat, qui s’ouvre ce lundi par une déclaration du Premier ministre à 15h00, sera suivi d'un vote, plus d'un mois après la mort de dix soldats français dans une embuscade des taliban à l'est de Kaboul. François Fillon s'attachera de nouveau à défendre la stratégie de l'exécutif, au nom de la lutte contre la "barbarie" terroriste et de la sûreté nationale.

La mission des troupes françaises
Elle est limitée au maintien de la proximité avec la population et au recueil d’information auprès d’elle, mais la guerre n’est jamais loin. Or, les soldats français sont bien acceptés par les Afghans qui sentent respectés. L’hôpital français de Kaboul contribue à l’image humanitaire de la présence de la France en Afghanistan.

Les Taliban
Un Taliban est une personne qui adhère à un mouvement fondamentaliste musulman sunnite qui est originaire d'Inde, lequel s'est répandu au Pakistan et surtout en Afghanistan en octobre 1994, peu après le retrait des occupants soviétique.

Rappel d’histoire récente
Pendant les 10 années d’occupation soviétique commencée en 1978, de nombreux islamistes issus de divers pays (Algériens du GIA, Bosniaques, Philippins, Saoudiens, Palestiniens, Egyptiens, voire quelques Européens d'origine maghrébine) se joignent à la résistance afghane (Moudjahidines). Les Soviétiques ne pourront jamais défaire ces combattants qui utilisent le terrain montagneux afghan pour mener une véritable guérilla financée et soutenue alors militairement par les États-Unis, le Pakistan, l’Arabie saoudite et diverses associations musulmanes à travers le monde.
Après le retrait des troupes soviétiques en 1989 et à partir de 1994, laissant à Nadjibullah le contrôle du pays, le régime tombe le 29 avril 1992 après la prise de Kaboul et la démission de Mohammed Nadjibullah le 16 avril.
Dans son livre L’Ombre des Talibans,
Ahmed Rashid raconte les derniers instants de Nadjibullah : « Les Talibans entrèrent dans la chambre de Nadjibullah, le passèrent à tabac ainsi que son frère, et jetèrent les deux hommes inconscients à l’arrière d’une camionnette qui se rendit au palais présidentiel plongé dans l’obscurité. Là, ils castrèrent Nadjibullah et traînèrent son corps derrière une Jeep, avant de l’achever d’une balle. Son frère subit les mêmes tortures et fut étranglé. Les Talibans pendirent les deux cadavres à un poteau de signalisation en béton, juste devant le palais, à quelques pâtés de maisons des locaux des Nations Unies. » « À l’aube, des habitants curieux vinrent regarder les deux corps gonflés et mutilés pendus par du fil de fer. Ils avaient des cigarettes entre les doigts et les poches débordantes de billets de banque afghans – pour mieux transmettre le message des Talibans sur leur débauche et leur corruption. Les deux autres compagnons de Nadjibullah s’étaient échappés. Rattrapés alors qu’ils tentaient de fuir la ville, ils furent aussi torturés et pendus », poursuit Ahmed Rashid.
Les Taliban s’emparent peu à peu des différentes provinces du pays. De 1994 à 1996, soutenus par l'armée pakistanaise, ils conquièrent l'essentiel du pays et instaurent une dictature fondamentaliste (islamiste). Durant l'été 1996, Oussama Ben Laden, fuyant l'Arabie Saoudite et après un séjour de deux ans au Soudan (tortionnaire du Darfour), retourne en Afghanistan. Il diffuse une déclaration de djihad contre les Américains.
Le 27 septembre 1996, les Talibans prennent Kaboul et s'emparent dès lors du pouvoir. En 2004, deux ans après l'intervention internationale, l'Afghanistan est redevenu le premier pays producteur mondial de pavot dont le latex est utilisé pour produire l'opium et l'héroïne. Certains considèrent que la destruction des champs de pavot contribuerait de manière décisive à la fin de la guerre, tout en sauvant des vies humaines en Occident.
À partir de 2005, la situation s'aggrave.
Les Taliban, en parallèle ou avec des volontaires étrangers, s'infiltrent dans certaines régions. En août 2006, l'OTAN lance une offensive (opération Méduse) à l'ouest de Kandahar, mais après la perte d'un avion de surveillance avec 14 militaires et plusieurs morts au sol notamment par feu ami, son commandant réclame des renforts. Sur les dix premiers mois de 2006, la guérilla et les combats ont fait plus de 3 000 morts en Afghanistan, alors que la production d'opium a augmenté de 60 % pendant l'année...
Actuellement, l'Afghanistan est dirigé par le président Hamid Karzaï dont la gestion du pays est de plus en plus attaquée. Il a gagné les élections générales de 2004 avec 55,4 des voix. L'ancien monarque Mohammed Zaher Chah est retourné dans le pays, bien que très populaire il ne fut pas réinvesti du pouvoir royal et son influence se limita seulement à des pouvoirs cérémonieux, jusqu'à sa mort en 2007.
Avec les accords de Bonn, la Commission Afghane de la Constitution fut établie pour consulter le peuple et formuler une constitution. Programmée pour la réaliser le 1er septembre 2003, la commission a demandé un délai pour entreprendre plus de consultations. La réunion du grand conseil constitutionnel fut tenue en décembre 2003 quand une nouvelle constitution fut adoptée, créant une forme présidentielle de gouvernement avec une législature bicamériste.
Les troupes et les agences de renseignements des États-Unis et nombres d'autres pays sont alors présents, certains pour maintenir la paix, d'autres assignés à chasser les Taliban et al-Qaïda. Une force de maintien de la paix des Nations Unies, la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) est opérationnelle à Kaboul depuis décembre 2001. L'OTAN a pris le contrôle de cette force le 11 août 2003, mais une bonne partie du pays reste sous le contrôle des chefs de guerre soutenus par l’économie de la drogue, la narco-économie.
L'Eurocorps est sous la responsabilité de l'OTAN qui dirige la FIAS à Kaboul depuis le 9 août 2004. Les pertes, parmi ces troupes, sont le plus souvent provoquées par des erreurs d’identification, des attentats à la voiture piégée ou des accidents routiers aggravés par l’absence de ceintures de sécurité.
Des élections nationales furent tenues le 9 octobre 2004.
Plus de 10 millions d'Afghans furent enregistrés sur les listes électorales. Plus de 17 candidats s'opposant à Hamid Karzaï boycottèrent les élections, jetant la suspicion sur la régularité du scrutin malgré une commission indépendante. Hamid Karzaï remporta 55,4 % du vote et fut investi à la présidence, le 7 décembre. Ce furent les premières élections nationales libres du pays depuis 1969, lorsque des élections parlementaires furent tenues pour la dernière fois.
La politique intérieure du cabinet
Karzaï est fondée sur un plan de reconstruction élaborée conjointement par ARTF []et plusieurs ministères clés: du Commerce et de l'Industrie, Économie et Finances, Mines et Ressources Naturelles. Le plan prévoit une privatisation des entreprises publiques, ainsi que la création des conditions juridiques et fiscales pour attirer des investissements étrangers. Cette stratégie semble porter ses fruits, singulièrement avec la Chine.

Le contexte géo-politique

Exacerber le mécontentement intérieur français
62% des Français se prononcent pour le retrait des quelque 2.600 hommes déployés sur le sol afghan , selon un sondage BVA. Les pressions de la presse sur l’opinion ont donc produit leurs effets. Jamais la presse ne rappelle d’ailleurs que les troupes françaises sont constituées de volontaires et de professionnels et le pays raisonne comme s’il s’agissait d’appelés du contingent. Jamais l’opposition ne rappelle non plus qu’elle a souhaité et réduit le budget militaire lorsqu’elle était au pouvoir ou y a participé par ses votes.
Pourtant, et la presse et l’opposition font vibrer la corde sensible des Français qui s’émeuvent à juste titre que de jeunes hommes soient fauchés dans la force de l’âge. Mais l’exploitation qui en est faite par la gauche et sa presse militante ne laisse pas place à l’illusion de leur sincérité. Car, en accréditant l’idée que l’armée française est sous équipée et mal encadrée, que leurs positions de nos troupes sont prenables et que ni l’opinion ni les élus ne les soutiennent, elles participent à la démoralisation des troupes sur le terrain et contribuent ainsi à leur plus grande vulnérabilité.
Une certaine presse a sélectionné des parents et de jeunes épouses et sœurs pour qu’elles expriment leur inquiétude, voir des accusations, comme ce fut le cas sur France Info. Or, la construction des reportages ne laisse pas de doute sur l’intention. D’abord, la thèse : quelques témoignages de femmes angoissées, puis l’antithèse : une mère –et une seule– qui dit sa confiance et, pour finir, la synthèse : il faut rapatrier nos maris et nos fils.
Il n’est donc pas question de déplacer le débat de l’émotion sur les faits et les risques : celui de la chute du pouvoir en place et l’accession des Taliban, voire de l’expansion de l’obscurantisme, du terrorisme et de l'islamisme.

La Constitution
L'article 35 de la Constitution prévoit que "lorsque la durée de l'intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l'autorisation du Parlement". Les députés devront donc répondre par "oui" ou par "non" à la question : "Etes-vous pour ou contre la prolongation de l'intervention des forces armées en Afghanistan?" Voir les sondages de PaSiDupes en colonne de droite, où vous pouvez participer au vote)
"Laisser tomber les Afghans, nos alliés, ce serait aussi d'une certaine façon compromettre la sécurité des Français", justifie un diplomate.

D'une relative discrétion depuis la rentrée, du fait de ses déplacements à l’étranger, François Fillon, le chef du gouvernement, retrouvera une tribune dans l'arène parlementaire.
D’ores et déjà, Roger Karoutchi, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, a souhaité dimanche qu'un "certain nombre de socialistes" votent en faveur de la prolongation de l'intervention des forces françaises en Afghanistan.
"S'ils souhaitent le retrait des forces d'Afghanistan, c'est parfaitement contradictoire avec ce qu'ils ont dit et fait pendant des années", a-t-il rappelé lors du Forum Radio-J.
"Il y a quand même des moments où l'intérêt national l'emporte sur la division politique", a réagi Roger Karoutchi au matracage médiatique. Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement a déploré que le "seul programme du PS aujourd'hui" soit "à bas Sarko" dans tous les domaines.
Alors que Lionel Jospin a appelé vendredi les socialistes à voter "non", tout en se réclamant en permanence des droits de l'homme, Roger Karoutchi a jugé que l'ancien Premier ministre socialiste, qui avait décidé avec Jacques Chirac d'envoyer les troupes françaises en Afghanistan après le 11-septembre, "ne manque pas de souffle".

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