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jeudi 4 décembre 2008

Elections prud’homales marquées par une abstention record

Les syndicats représentent 1 salarié seulement sur 4
Les trois quarts des salariés du privé ont boudé les élections prud'homales du mercredi 3 décembre 2008, marquée par une abstention record de 75,25%.
> Le taux de participation aux élections prud'homales de mercredi s'est établi à 25,5% dans le collège "salariés". En revanche, la participation dans le collège "employeurs" s'établit à 31,16%, soit une abstention de 69,78%.
Les salariés représentaient l'immense majorité des électeurs (18,6 millions sur 19,2 millions) appelés à désigner les conseillers prud'homaux chargés de juger les litiges individuels du travail dans le secteur privé.
> Le ministre du Travail, Xavier Bertrand annonce des taux voisins : le taux d’ abstention s'est établi à 74,5%, dans le collège "salariés", soit une très faible participation de 25,5%, précise-t-il ce jeudi matin.
La participation, qui avait déjà chuté de 63,2% en 1979, premières élections prud'homales, à 32,7% en 2002, atteint ainsi son plus bas niveau en 30 ans.

La CGT renforce son avance sur la CFDT, en recul sensible, et FO
  • Les résultats marquent des évolutions notables pour des élections habituellement sans changements spectaculaires.
    La CGT (33,8%), , en première position, a progressé de 1,6 point, devant la CFDT (22,1%) en baisse de trois points, FO (15,9%) en recul de 2,3 points, et la CFTC (8,9%) qui perd relativement peu (0,7 point).
  • La CFE-CGC (8,2%) progresse de 1,2 point parmi l'ensemble des salariés, et ravit à la CFDT la première place chez les cadres avec 27,9% des voix dans la section "encadrement".

    Projections
    > L'UNSA (syndicats autonomes), avec 6,2%, gagne 1,2 point, en cours de rapprochement avec la CFE-CGC, tandis que l'Union syndicale Solidaires, qui comprend les syndicats radicaux SUD, fait plus que doubler son score marginal, de 1,5% à 3,8%. Les "divers" représentent 1%.
    > La CFDT (22,1%), qui peu de temps après les élections de 2002 avait connu une désaffection d'une partie de ses militants en raison de son soutien à la réforme des retraites de 2003, apparaît relativement affaiblie par ce scrutin, mais maintient en fait un écart confortable avec ses poursuivants.
    > FO (15,9%) est en revanche talonnée par l'alliance entre CFE-CGC et UNSA, qui totalisent 14,4% et qui voient dans le résultat un encouragement à leur rapprochement.
  • Du coté des patrons, la participation est en revanche en hausse, à 31,25%, contre 26,6% en 2002.
    Les listes d'union menées par le MEDEF restent largement en tête avec 72,1% des voix (80% en 2002). Les employeurs de l'économie sociale -qui visaient notamment les voix des particuliers employeurs- ont effectué une percée, avec 19% (contre 11,3% en 2002). Les listes diverses totalisent 8,5%.


    Déclarations de meneurs syndiaux
    > "Je suis déçu", a reconnu sur Europe 1 le secrétaire général de la CFDT François Chérèque. Il reconnaît que le soutien à la réforme des retraites a pu "jouer un rôle" mais estime cependant que son syndicat n'est pas désavoué pour autant.
    > "C'est un message clair des salariés en direction des pouvoirs publics et du patronat pour que leurs droits soient respectés et leur situation améliorée, dans un moment où tout est fait pour leur faire payer la crise", a dit dans un communiqué la CGT.
    L'échec de l'appel à la mobilisation des salariés aux urnes est dénoncé par la CGT. "On a toute une série d'anomalies qui feraient scandale s'il s'agissait d'élections politiques", a dit à la presse son patron, Bernard Thibault.
    > Le scrutin marque aussi un changement chez les employeurs, les syndicats du patronat traditionnel, MEDEF, CGPME et UPA regroupés dans l'UDE obtenant tout de même 72,1% des suffrages, mais en baisse sensible devant l'AESS, en faveur d'une "économie solidaire" qui obtient 19%, soit 7,7 points de plus qu'en 2002.

    Le système des Prud’hommes

    > 19,2 millions d'électeurs étaient invités à élire les conseillers prud'homaux qui tranchent chaque année quelque 200.000 litiges entre salariés et employeurs en France.
    Le scrutin était un test alors que s'amorcent plusieurs réformes importantes comme celle de La Poste et surtout celle de la représentativité syndicale voulue par Nicolas Sarkozy.
    Le système actuel n'accorde une "présomption irréfragable" de représentativité qu'aux cinq centrales CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC, qui sont les interlocuteurs représentatifs dans les négociations.
    Les autres syndicats doivent prouver leur représentativité par branche d'activité.

    > Plus de 14.500 conseillers siègent dans 210 conseils. Cinquante pour cent des affaires traitées concernent la rupture du contrat de travail et 40% des problèmes de rémunération.
    Environ 70% des décisions font l'objet d'un appel mais les décisions de première instance sont confirmées dans près de 70% des cas.

    Exégèses syndicales

  • Les leaders syndicaux attribuent l'abstention, en partie à un défaut de communication… gouvernementale, et au fait que l'élection ne se déroule pas systématiquement dans l'entreprise.
    Xavier Bertrand s'est montré à cet égard ouvert à une généralisation du vote sur le lieu de travail pour les prochains prud'homales, en précisant qu'il "semblerait que là où un bureau de vote a été installé dans l'entreprise, le taux de participation a régulièrement dépassé les 50%" .

  • Bémol à cette explication
    La généralisation du vote par correspondance et l'introduction du vote par Internet à Paris, aurait dû endiguer les pertes de participation enregistrées depuis l’origine des élections prud'homales en 1979. Cette baisse confirmée à chaque élection montre qu'il y a "un problème", a souligné Jean-Claude Mailly (FO).
  • Bien que la pression de l’entreprise puisse être une explication à cette désaffection, "les salariés ne sont pas prêts à se mobiliser pour une élection qui a lieu en dehors de l'entreprise", a affirmé François Chérèque (CFDT). Donc, dedans ou dehors, le problème ne se situe pas là, sauf en termes d’excuses. Il regrette aussi l'absence de "campagne forte", laquelle dépend pourtant largement des syndicats eux-mêmes !
    Pour Jacques Voisin (CFTC), "rien n'a été fait pour que cette élection ait la place qu'elle mérite". Ce qui n’est pas le reproche retenu par la CGT !

    > Bernard Thibault (CGT) s'est félicité de la progression de son organisation qui marque un "inversement de tendance" par rapport à la baisse qu'elle enregistrait depuis 1979. Mais, par chance, les élections prud'homales n'ont pas toujours lieu sur le lieu de travail, car Thibault a regretté de "nombreuses anomalies" dans le vote...Elles ont bien dû profiter à un syndicat plus qu’à un autre… Contestation sur 102 ou 4 voix ?
  • Sur fond de crise économique, les syndicats contestataires, CGT, voire violent et non représentatif, Sud, ont progressé en France au détriment des modérés, lors de ce scrutin national pour former les juridictions tranchant les conflits du travail.
    La portée de cette observation est cependant réduite par la très faible participation d'un quart seulement des inscrits, la plus faible depuis l'origine de ces élections en 1979.
    La CGT voit cependant ce vote comme un "message des salariés" au pouvoir politique, et Sud estime qu'il conforte la voie vers un "syndicalisme de lutte".

    >
    A noter enfin (cf. tract ci- contre) que le CNT fait de la contre- publicité aux élections prud’homales républicaines.
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