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samedi 26 septembre 2009

Pour Dray, rien moins que le procureur de Paris en personne !

Le socialiste n'est pas monsieur tout le monde...
En juillet dernier, Jean-Claude Marin, le procureur de Paris a décidé de communiquer les conclusions de l'enquête de la brigade financière aux personnes visées par les investigations, en leur proposant de remettre des observations pour leur défense.

Malgré des réticences face à ce cas procédural inédit, une série de documents a été remise hier 25 septembre 2009. «J'ai hésité, mais quand on est sûr de son bon droit, on va jusqu'au bout», déclare au journal Le Figaro Julien Dray qui, après cet épisode, doit désormais attendre que le parquet de Paris étudie le sort qui lui sera réservé : soit un classement sans suite, soit un renvoi devant le tribunal correctionnel, où le parlementaire devrait notamment répondre d'abus de confiance à la suite des détournements de fonds présumés aux dépens de deux associations pour un total de 350 000 euros.

La justice de classes accorde un traitement de faveur au socialiste ?

Julien Dray considère sans doute que la procédure inédite proposée par le procureur de la République de Paris comporte des corolaires. Parce qu'à sa demande il a finalement choisi de produire une expertise-comptable, le député demande aujourd'hui à être entendu par Jean-Claude Marin en personne.

Ce face-à-face inédit et totalement inhabituel à l'issue d'une enquête préliminaire serait, selon le député, dans la logique des choses. «S'il refuse cette confrontation, c'est comme s'il m'avait transmis le dossier uniquement comme s'il s'agissait d'avaliser les accusations», explique Julien Dray, bien conscient que les aménagements de procédure qui lui ont été offerts sont observés comme un cas d'école dans la perspective de la réforme de la procédure pénale qui devrait suivre la suppression du juge d'instruction.

Sur le fond du dossier, la bataille est chiffrée.

Le député veut démontrer que sa comptabilité personnelle, au cours de ces quatre dernières années, ne comporte pas un «trou de 400 000 euros», comme le rapport final de la brigade financière semblait le souligner. Les policiers, à l'issue de leur exposé, avaient en effet dressé la liste des dépenses et des recettes du député au cours des années 2005, 2006, 2007 et 2008, sans toutefois faire eux-mêmes l'addition de ces quatre années. À la lecture des chiffres, il apparaît que le montant de ses dépenses est à chaque fois plus élevé que ses recettes, renforçant la suspicion sur la provenance de ses revenus.

Le socialiste caviare conteste les chiffres
Julien Dray conteste ces calculs et affirme qu'il s'agit d'une addition de l'ensemble de ses mouvements bancaires, y compris les versements de compte à compte. Ses conclusions remises au procureur par ses avocats Léon-Lef Forster et Florence Gaudillière contiennent donc une étude réalisée à sa demande par un cabinet d'expertise-comptable, sorte de «jury d'honneur» constitué par le parlementaire aux premiers mois de ses déboires judiciaires. Ce document arrive à la conclusion que le déséquilibre sur les quatre années n'est pas un «trou de 400 000 euros», mais un solde positif de quelque 38 000 euros. Selon eux, les recettes seraient donc supérieures aux dépenses.

Figure par ailleurs au dossier de défense l'attestation d'un horloger sur la valeur de l'une des montres de collection apparaissant dans le dossier…

Enfin, dernier point des observations remises au procureur, sont détaillées les activités des deux collaborateurs du député soupçonnés d'avoir servi de «comptes taxi» dans le système des malversations présumées. Concerts, manifestation en mémoire d'Ilan Halimi, service de presse, rassemblement des associations… la liste des activités de ces deux personnes au sein des associations concernées tente de justifier la réalité des prestations effectuées.

Ces prochains jours, les avocats des associations mises en cause dans l'enquête - SOS-Racisme et l'organisation lycéennne FIDL, - devraient à leur tour déposer des conclusions pour leur défense.

Une dénonciation est-elle synonyme de diffamation ?
Convaincu qu'une dénonciation calomnieuse est à l'origine de l'enquête qui le vise, Julien Dray reste quant à lui accaparé par son dossier. «Je suis comme les gens qui viennent me voir à ma permanence et qui sont obnubilés par une affaire judiciaire», admet-il en s'arrêtant sur tous les détails des accusations qui pèsent sur lui. Ces gens-là peuvent toujours essayer de se rapprocher du procureur Marin...

Sur la génèse de l'affaire, il confirme cependant avoir connu des difficultés de trésorerie personnelle à compter de janvier 2006 alors qu'il venait tout juste de placer sous hypothèque sa villa de Vallauris (Alpes-Maritimes). Le député socialiste de l'Essonne a investi dans la pierre non pas dans le 9.1 qu'il aime tant, mais dans une ville de potiers sur le golfe de Juan, à laquelle sont associés les noms de Picasso et de Jean Marais et où le Prince Aly Khan et Rita Hayworth, se sont mariés, le 27 mai 1949. Pour autant, la zone est-elle si bien fréquentée que cela ? Les Ségollande ne possédaient-ils pas un modeste pied-à-terre avec terrain et piscine à Mougins sur les hauteurs de Cannes ? Cette opération, comme le racontent les auteurs du livre L'Argent des politiques (Albin Michel), lui avait été imposée par des interrogations répétées de la commission pour la transparence de la vie politique. L'organe de contrôle s'étonnait du fait que Julien Dray n'ait pourtant contracté aucun emprunt pour rembourser la villa.

En plus de l'hypothèque, le député avait alors dû commencer à verser des remboursements à Pierre Bergé, qui avait financé la villa, comme il finance les bureaux de Désirdavenir Royal. À compter de cette date, il devait ainsi payer des échéances de prêt de 2 000 euros par mois qui ne lui étaient pas soumises jusque-là. Cet épisode, affirme Julien Dray, est «la preuve qu'[il] a été contrôlé comme personne d'autre». Faut-il se plaindre qu'un élu ne soit pas moins contrôlé que ses électeurs ?
Mais il souligne, pour justifier les prêts personnels dont il a bénéficié à compter de 2006, qu'il était «financièrement dans une passe difficile, comme cela peut arriver à tous». Sauf que tous les précaires dans sa situation ne font pas leurs emplêtes Place Vendôme...
L'enquête préliminaire, dont le procureur de Paris doit à présent décider du sort, porte précisément sur la période 2005-2008…

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