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mardi 18 janvier 2011

La Tunisie face à l'inconnu islamiste

Le pouvoir transitoire exposé à l'extrémisme religieux

Qui profitera du vide laissé par Ben Ali ?

Exilé depuis 1989, le chef historique du parti islamiste Ennahda a annoncé son retour en Tunisie et s'est dit prêt à « travailler pour bâtir un État de droit ».

Des civils, des militaires ou des islamistes ?

Après vingt-trois années de pouvoir absolu, le président déchu laisse derrière lui un champ de ruines politique, la faiblesse de l'opposition laïque rendant aléatoire le succès d'une transition démocratique. Car, tandis que Mohammed Ghannouchi, le premier ministre de Ben Ali, tente de former un gouvernement d'union nationale, un autre Ghannouchi, prénommé Rached, sans lien de parenté avec le chef du gouvernement, vient d'annoncer son prochain retour en Tunisie.

Exilé à Londres depuis 1989, le chef historique du parti islamiste Ennahda (Renaissance), Rached Ghannouchi s'est dit prêt. Son audience s'est considérablement réduite, y compris au sein de son mouvement, mais ses ambiguïtés pourraient inciter les modérés à s'allier avec les acteurs du pouvoir sortant pour repousser l'épouvantail islamiste.

Profond malaise social

En Tunisie, au lendemain des législatives d'avril 1989, où les islamistes avaient obtenu 14 % des suffrages, le président Ben Ali s'était protégé du parti Ennahda en l'excluant du champ politique. C'est une vieille habitude qui assura jusqu'ici la liberté des femmes, la paix sociale et le développement économique.

En Algérie, la victoire électorale du Front islamique du salut (FIS) aux élections de juin 1990 lui avait rappelé la menace d'un « effet domino ». Présenté comme un péril pour la stabilité du pays et du Maghreb, Ennahda avait été interdit et ses cadres s'étaient exilés.

Le pouvoir de Ben Ali « rempart contre l'intégrisme » en sortait renforcé.

L'Occident était rassuré et laissa les coudées franches au président tunisien.
Le fait est qu'Ennahda, contrairement au mouvement islamiste algérien, n'a jamais pu faire basculer la Tunisie dans la violence et que ce demeure a semblé jusqu'ici plus proche des islamistes modérés de l'AKP turc que des barbus algériens du FIS. Mais ils pourraient bien se révéler sous leur vrai jour à l'avenir.

Rached Ghannouchi, 69 ans, pourrait profiter d'une libéralisation
Idéologiquement proche des Frères musulmans, il a toujours prôné une opposition frontale au régime du président Ben Ali. Dès le début des années 1990, après l'éclatement de la première guerre du Golfe, il appelait à la « guerre sainte».
L'avocat Abdelfattah Mourou, numéro deux d'Ennahda, suivi par la majorité des cadres du parti, avait aussitôt affiché son désaccord avec ce discours alors jugé « peu réaliste ».
Après avoir purgé de longues peines de prison, ces derniers ont été libérés. Aujourd'hui, on les dits « cassés », mais leurs successeurs pourraient être tentés de se radicaliser, l'autoritarisme ayant souvent fait le lit de l'extrémisme.

La Tunisie est un paradoxe

L'idéologie salafiste n'a guère d'assise sociale en Tunisie. Sa classe moyenne et l'égalité juridique des femmes en font un modèle de modernité au sein du monde arabe.

Mais les acquis de l'ère Bourguiba, despote éclairé, ont été dévoyés par son successeur et sa belle famille, qui avaient verrouillé tous les espaces de liberté. La vague de religiosité apparue ces dernières années, tout comme la violence de l'actuelle « révolution au jasmin» témoignent d'une profonde aspiration à la liberté.
Ennahda a été décimé, mais les années d'autorité endurées par le peuple tunisien pourraient renforcer le réservoir électoral des extrémistes. Les prochaines élections constitueront un test.

Le rôle de l'UGTT ne doit pas être sous-estimé

L'Union Générale Tunisienne du Travail, syndicat unique sous Ben Ali, veut rester proche de la rue.
Sa direction a demandé aux trois ministres estampillés UGTT, de quitter le gouvernement formé la veille dans lequel ils devaient jouer le rôle de ministres "d'ouverture". " Cette composition [du gouvernement] n'est pas en harmonie avec les aspirations et les attentes des travailleurs (...) pour faire face aux pratiques du passé et pour respecter les équilibres vu la présence massive de figures de l'ancien régime et de représentants du parti RCD…", soutenait son secrétaire général Abdessalem Jerad qui s'estime écarté du pouvoir.
Dès les débuts de la République tunisienne, au lendemain de l’indépendance en 1956, les deux piliers du régime, l’UGTT et le Parti socialiste destourien, auquel a succédé le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ont été successivement en étroite association et en opposition et emprisonnés ou contraints à l’exil.
Mais le syndicat a perdu beaucoup de son prestige acquis dans les années 1970.


VOIR et ENTENDRE Eric Zemmour expliquer le risque d'islamisation de la Tunisie, soulignant que les temps ont changé depuis Habib Bourguiba et l'influence de la Chine en matière économique:

"Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les dômes nos casques et les croyants nos soldats", selon Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre de Turquie depuis mars 2003, citant un poète turc nationaliste.

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