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mardi 12 avril 2011

Eva Joly en campagne sur la chasse gardée ouvrière de la maire de Lille

A Roubaix, Eva Joly défie Aubry et casse Hulot

Sous prétexte de soutenir les grévistes de Camaïeu, la retraitée de la magistrature a passé deux jours dans la fédération socialiste du Nord, avant la probable déclaration de candidature de Nicolas Hulot aux primaires écologistes.
Après un premier coup de semonce en décembre 2010, les salariés roubaisiens de Camaïeu s'étaient de nouveau mis en grève début janvier, à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-CFDT. L'entrée de l'entrepôt roubaisien avait été bloqué puis libérée à la demande du tribunal, mais la grève s'était poursuivie. Les grévistes réclamaient des hausses de salaire et des embauches.

La candidate a laissé des traces de son passage dans la Voix du Nord. Voici l'entretien publié le 11 avril 2011:

Pourquoi venez-vous soutenir les salariés de Camaïeu ?
Ce qui leur arrive est typique de ce qu'on voit actuellement: un abaissement permanent du niveau des salaires. Les salariés ont de plus en plus de mal à s'en sortir. Les bénéfices ne sont pas partagés équitablement et la part des salariés devient de plus en plus réduite. L'économiste et sociologue [belge] Paul Jorion prévoit que l'agonie du capitalisme, ce n'est pas comme le pensait Marx par un rendement du capital mais par un excès de concentration du capital.

Vous rejoignez Nicolas Sarkozy, quand il dit que les dividendes doivent être liés aux salaires
Je ne citerai jamais Sarkozy comme économiste [toujours plus qu'elle n'est écologiste]. Il est au pouvoir et a donc la possibilité de réguler. C'est regrettable de voir qu'une entreprise comme Camaïeu, qui fait tant de bénéfices, a des salariés qui doivent avoir des compléments de salaires issus de la solidarité nationale (RSA, ndlr). C'est la preuve par l'absurde que la politique sociale de Sarkozy ne marche pas.

Est-ce un moyen pour vous de souligner que votre candidature n'est pas seulement une candidature écologiste?
L'écologie politique dans la mesure où nous visons le pouvoir, ne peut pas être qu'environnementale. Il faut absolument aborder les sujets de société. Rien n'est plus important que la justice dans la répartition des ressources. Ce n'est pas une nouveauté pour moi. Si Europe Ecologie est venue me trouver, c'est parce que j'étais porteuse de ces valeurs-là.

Comme vous, le PS propose de limiter les écarts de salaires
La mesure que nous préconisons est beaucoup plus radicale. Les socialistes proposent des limiter les salaires, et simplement les salaires, dans les entreprises où l'Etat a une participation. Nous proposons de limiter la rémunération, ce qui est plus vaste que les salaires. Et ce dans toutes les entreprises. A Camaïeu, le PDG a été épinglé comme le dirigeant ayant eu la rémunération la plus élevée. Il a eu 23 millions de plus-value sur les stock options. Dans notre système, il aurait payé 70% d'impôts sur cette somme.

Plus généralement, que pensez-vous du projet socialiste?
Il y a des ouvertures, mais il est assez timoré. Sur la sortie du nucléaire, par exemple, il n'y a pas assez de vision. "Sortie du tout nucléaire", ça ne veut rien dire, puisque personne n'est dans le tout nucléaire. Au plan mondial, le nucléaire ne représente que 2% de l'énergie. En France, il représente 80% de l'électricité. Il faut un projet très concret pour en sortir. Le projet des socialistes est une ouverture, mais nous allons beaucoup plus loin dans un sens plus responsable.

Où en est le projet d'Europe Ecologie-Les Verts?
Nous avons déjà des éléments de ce projet établis pour les européennes, avec notamment les rémunérations minimum et maximum. Il y a des groupes de travail sur certains sujets, dont les propositions devront être adoptées par le parlement, pendant l'été.

Ce sera un projet collectif ?
Oui. Evidemment, la voix individuelle est toujours entendue. Mais le contenu du programme est collectif.

Jean-Louis Borloo a appelé aussi au rassemblement des écologistes.
Les écologistes comme Borloo plomberaient l'avenir. Il a perdu toute crédibilité dans la façon dont il a géré le Grenelle de l'environnement. Il n'a pas lutté pour la taxe carbone, il n'a pas proposé de TVA modulable. Il a tout simplement laissé tomber. Il n'a pas osé affronter Sarkozy sur ce sujet. Et surtout, il n'a plus le droit de parler d'écologie après avoir signé les permis de recherche de gaz et pétrole de schiste.

Il a reconnu sa faute.
Et alors? Quelle confiance accorder à quelqu'un capable de faire ça?

La majorité recule sur le gaz de schiste
Uniquement pour une raison. S'ils ne reculaient pas là-dessus, avec la mobilisation française et européenne, le gouvernement se serait fait balayer.

C'est une belle victoire pour vous.
C'est une victoire pour la mobilisation. C'est une victoire contre l'envie de mettre la France en coupes réglées pour l'intérêt de quelques uns et sans égard pour l'intérêt collectif. L'idée qu'on a pu accorder à une entreprise qui faisait des pertes et dont l'animateur est le demi-frère d'un proche du président de la République des permis de forage, en toute opacité, c'est un scandale sans nom.

Comment faire pour éviter que les primaires ne causent pas trop de dégâts au sein du parti?
Il n'y aucune raison qu'elles provoquent des dégâts. C'est l'occasion de porter haut et fort nos valeurs. Comme Nicolas et moi suscitons l'intérêt des médias, les projecteurs vont être tournés sur nos visions. C'est un bien pour le mouvement. J'appelle tous ceux qui s'inquiètent du nucléaire, de la biodiversité, de la qualité de l'air, à nous rejoindre et à venir voter à ces primaires.

La seule question du calendrier a fait monter le ton au sein des écologistes.
Je ne pense pas que le ton soit monté. Les écologistes ont voté très dignement au sein de leur parlement, démocratiquement, au vu des arguments objectifs exposés, pour le calendrier qui leur paraissait politiquement le plus approprié.

Vous restez sur ce calendrier ?
Je vois mal le mouvement revenir sur un calendrier voté à une majorité aussi écrasante après un débat serein.

Pas de changement sur la cotisation de 20 euros pour voter?
La cotisation fait actuellement l'objet d'un débat et sera peut-être réduite.

Vous y êtes favorable?
Complètement. Ce n'est pas un enjeu pour moi. L'enjeu, c'est qu'il y a un engagement à nos côtés dans nos combats, par la signature de notre charte.

Qu'attendez-vous de la déclaration de Nicolas Hulot, probablement mercredi à Sevran (Seine-Saint-Denis)?
Je suis candidate depuis un an. Je suis en politique depuis trois ans. J'ai fait trois campagnes avec Europe Ecologie. Je suis une des fondatrices de ce mouvement. J'ai demandé, en annonçant ma candidature, qu'il y ait des primaires, en pensant notamment à Nicolas Hulot. Son arrivée me fait plaisir. C'est pour nous un atout.

Les sondages lui donnent une nette avance en termes de popularité. Comment combler ce déficit pour vous?
C'est un challenge. Contrairement à moi, Nicolas Hulot est une machine médiatique. Je ne sais pas si je comblerai ce déficit, mais je pense qu'il y a une différence entre la notoriété et le bulletin qu'on choisit dans l'isoloir. Dans votre famille, aux déjeuners du dimanche, il y a l'oncle très populaire que tout le monde aime bien. Mais si vous avez des problèmes personnels ou des conseils à obtenir pour l'avenir de vos enfants, il n'est pas sûr que vous vous tourniez vers lui. Ce sont deux choses différentes.

On vous disait pas assez écolo. Pensez-vous avoir comblé ce retard?
Je ne suis pas née écologiste, je le suis devenue, comme dit Nicolas Hulot. Ça se vérifie pour moi. C'est un chemin sur lequel je marche depuis mon enfance. J'accélère les connaissances, mais je sais depuis très longtemps que c'est la mère de tous les combats.

Quel a été le déclic?
Je suis née en Norvège. L'amour de la nature y est une chose naturelle. Il a toujours été très important. Je passe mes vacances à marcher dans la montagne ou à faire du kayak. Mes voyages depuis dix ans en Afrique aussi, dans le cadre du développement m'ont permis de constater la dégradation des écosystèmes et l'urgence de les restaurer. Le travail que je fais comme présidente de la commission du développement au Parlement européen me fait voir tous les jours combien la situation est grave. Nous intervenons pour aider les paysans maliens à faire face aux changements climatiques, c'est-à-dire le raccourcissement et l'intensification des temps de pluie, par exemple.

Quelle est la principale qualité de Nicolas Hulot?
Il est très sincère dans sa volonté de sensibilité l'opinion.

Son principal défaut?
De ne pas être complètement dans la vie réelle. Or, entrer au politique, c'est aller au-delà de l'alerte : il faut aussi proposer des solutions.

Bientôt la république des juges ?
Est-ce vraiment une aspiration des Français ?
Agressivité, langue de bois et volée de bois vert: cette juge est décidément fort agréable !

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