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mercredi 9 janvier 2013

A la recherche d'une flexibilité socialement responsable

Réforme du marché du travail: l'heure de vérité approche


Michel Sapin, ministre du Travail, 
François Hollande
et Jérôme Cahuzac, sous-ministre du Budget. 
sombres, vendredi à Paris

Quatre mois après le début des négociations entre les partenaires sociaux, le gouvernement souhaite toujours faire de cet accord une pièce maîtresse de son dispositif pour inverser la courbe du chômage. 
L'accord se veut historique, mais risque d'être minimal. 
Si le gouvernement parle tant d'emploi depuis deux jours, c'est que Hollande l'a promise, sans avoir forcément toutes les cartes en main pour avancer sur ce dossier. Pour l'instant, il préfère en effet laisser patronat et syndicats négocier une grande réforme du marché du travail, celle de la «sécurisation de l'emploi». Au programme: accorder plus de droits aux salariés (une complémentaire santé pour tous, par exemple) en échange d'une flexibilité accrue, côté employeur, pour embaucher et licencier. 

"Il s'agit de conjurer une double peur, a expliqué dans les grandes lignes le président François Hollande, lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre. La peur du licenciement pour les travailleurs, la peur de l'embauche pour les employeurs." En conjurant, surtout, les craintes de ces derniers, le gouvernement entend créer un choc de confiance. Et faire de cet accord une pièce de son dispositif, aux côtés des emplois d'avenir et des contrats de génération, pour inverser la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année. 

"Un accord en profondeur enverrait un signal très positif sur la confiance des entrepreneurs et des ménages, ce qui pourrait les inciter à relancer les investissements et la consommation", observe Hervé Boulhol, économiste à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). "L'accord pourrait avoir des effets psychologiques positifs, mais tout dépend de son contenu", nuance-t-on déjà au ministère du Travail. 

Le gouvernement Ayrault  affiche des ambitions à la baisse 
En lançant les négociations, le président réclamait un accord "historique". Jeudi, son premier ministre Jean-Marc Ayrault, moins exigeant, a parlé de texte "ambitieux". 
Finiront-ils par récolter un accord minimal ? 
La concertation n'est pas franchement bien engagée. Les discussions, débutées il y a quatre mois, ont patiné. Elles devaient s'achever fin décembre, mais, face aux blocages, les négociateurs ont décidé de se revoir les 10 et 11 janvier pour une course contre la montre du type marathonien. Patronat et syndicats ne sont pas soucieux d'améliorer leur image de partenaires sociaux et la crédibilité du "dialogue social à la française". 

Chacun a affûté sa stratégie

Côté syndicats, la CGT, plus spectatrice qu'acteur de ces négociations, assurera l'ambiance devant le siège du MEDEF, où elle a prévu de manifester. 

Pour sa part, FO n'est pas sûr de vouloir signer - son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, a déclaré vendredi: "Je ne le sens pas." 

Les trois restants, CFDT, CFTC et CGC, s'arc-boutent sur un point: la taxation des contrats courts, c'est-à-dire des CDD. Le sujet hérisse le patronat, inflexible jusqu'à présent. 

Vendredi, la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, a laissé la porte ouverte à des avancées. "Est-ce que ça augmentera le nombre de contrats à durée indéterminée? Je ne crois pas", s'est-elle contentée de répondre au micro de RMC et BFMTV, estimant qu' "un accord ambitieux est possible". "Nous obtenons des choses essentielles dans le cadre de ces discussions, sur les plans de sauvegarde de l'emploi ou les procédures aux prud'hommes, détaille-t-on au MEDEF. Nous voulons donc absolument aboutir à un accord." 

L'exécutif, qui brandit la menace d'une loi en cas d'impasse 
Pas sûr, toutefois, que le gouvernement ait réellement envie de passer à l'acte. S'il s'attache à flexibiliser le marché du travail, la gauche de la gauche l'accusera, après le crédit d'impôt compétitivité emploi, d'offrir un nouveau "cadeau" aux patrons. Un risque que le président Hollande, au plus bas dans les sondages, ne voudra sûrement pas prendre.

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