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mardi 12 novembre 2013

L'Eglise de France sur le risque de passage de la laïcité au laïcisme

Mgr Georges Pontier : "Il ne faut pas laisser l’Etat nous imposer une seule manière d’être"

Le président de la Conférence des évêques de France, était hier l’invité de l’émission "Face aux chrétiens", animée par Frédéric Mounier et coproduite avec KTO. Mgr Pontier répondait aux questions de Dominique Greiner ( La Croix), Benjamin Rosier (RCF) et Mathias Terrier (RND et Radio Présence).
   
Depuis votre élection à la tête de l’épiscopat français, on vous a peu vu et entendu. Cette discrétion médiatique est-elle volontaire de votre part ?Mgr Georges Pontier : Oui, elle est plutôt volontaire. Je voulais me laisser du temps pour prendre la mesure de cette fonction et privilégier la rencontre avec mes frères évêques, plutôt que passer par d’autres chemins ou moyens. Si j’ai peu parlé avant cette assemblée, c’est aussi pour ne pas apparaître comme un président à la manière de la société civile, c’est-à-dire un chef qui va donner une ligne à suivre. Il me semble que le rôle du président des évêques est de leur permettre de travailler ensemble, de dialoguer entre eux, de chercher la juste position pour aujourd’hui. Sans nier qu’il faudra aussi trancher à certains moments.

L’Assemblée des évêques a travaillé sur la présence des chrétiens dans la société. À la suite de la mobilisation contre le « 
mariage pour tous », n’y a-t-il pas, parmi les clercs, une crainte que les prises de position aillent dans tous les sens, de ne pas contrôler ces prises de paroles ?

Mgr G. P. : Je ne parlerais pas de contrôle, mais d’équilibre entre l’initiative propre et légitime de chacun et le maintien de la communion ecclésiale. Une des clés, c’est que chaque sensibilité soit perçue comme une richesse et que chaque sensibilité sache jusqu’où elle ne doit pas aller pour ne pas déchirer le tissu de la communion ecclésiale. À un moment donné, il faut avoir un amour suffisant de l’Église pour savoir que le risque de casser ce tissu de l’Église est trop important et donc refréner son ardeur en conséquence. Il faut accepter que certains marchent plus lentement ou autrement.

"Nous ne sommes pas croyants contre l’État", avez-vous déclaré dans votre discours d’ouverture en évoquant la laïcité. Ne craignez-vous pas aujourd’hui que cette laïcité vire au laïcisme ?


Mgr G. P. :
 La laïcité de l’État est une bonne chose, nécessaire, enviée et que nous souhaitons à d’autres pays. Le danger vient quand l’État veut faire de la laïcité une quasi-religion civique, en dehors de toute référence religieuse ou transcendante. Il verse alors dans le laïcisme : l’État cherche à ramener dans la vie strictement privée toute autre conviction que celle qu’il demande d’avoir. Ce risque n’est pas totalement absent et il déborde même le champ des religions. Je pense au domaine de l’éducation affective. L’État peut vouloir trop en faire, soi-disant pour libérer les enfants de la pression familiale ou culturelle. Il ne faut pas laisser l’État nous imposer une seule manière d’être. Il reste que la laïcité de l’État est une bonne chose.
Dans votre discours d’ouverture, vous avez évoqué le sort "des populations d’origine bulgare ou roumaine". Un dossier auquel vous avez été confronté à Marseille. Pourquoi n’avoir pas prononcé le mot Rom?

Mgr G. P. :
 Les mots sont importants. Certains mots stigmatisent, d’autres reflètent la réalité. Il s’agit bien de populations d’origine bulgare et roumaine. Certains adjectifs, comme celui que je ne prononcerai pas, sont devenus trop durs, presque une injure dans la bouche de certains. C’est inacceptable. Le sort difficile que ces populations connaissent ne donne pas le droit de les injurier. Qu’il y ait des problèmes à régler, j’en conviens. Je suis tout à fait d’accord pour reconnaître aussi qu’il y a parmi eux des personnes qui ne sont pas honnêtes, et qu’elles doivent être traitées comme toute autre personne malhonnête. Mais traiter les personnes en fonction de leur appartenance globale à une ethnie, c’est du racisme.

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