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samedi 7 juin 2014

Des intermittents bloquent l'Opéra de Montpellier

Le mouvement s'intensifie

La force est le pari des artistes et des techniciens du spectacle
Quand le spectacle est bon...
Les occupations et annulations de spectacles visent à faire céder le ministre du travail, François Rebsamen.

A l’Opéra-Comédie de Montpellier, mercredi 4 juin, la première représentation de La Traviata de Verdi, un opéra mis en scène par Jean-Paul Scarpitta, a été annulée suite à l’occupation du plateau par environ trois cents intermittents du spectacle. 

Paul-Marie Plaideau (50 ans, ci-contre à droite), de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) de Montpellier, justifie les moyens: 
"Les équipes de l’Opéra étaient un peu inquiètes, et surprises, car nous ne les avions pas prévenues. Nous avons eu un échange avec le personnel de l’Opéra, constitué essentiellement de salariés permanents. Puis, voyant que nous ne quittions pas le plateau, la direction a décidé d’annuler la représentation, vers 21 heures."
Des intermittents du spectacle manifestent
 le 12 mars 2014 à Strasbourg

 
En avril 2014, quelque 200 intermittents du spectacle avaient déjà occupé une salle municipale de spectacles à Toulouse et provoqué l'annulation du concert de musique classique qui y était programmé, a-t-on appris de source policière.

En mai, le journal de France 3 Nord/Pas-de-Calais a été interrompu au milieu du programme par une trentaine d'intermittents du spectacle.
"Sans intermittents, pas de spectacle", proclamait une feuille de papier, brandie à côté de la coprésentatrice par l'un des intermittents qui ont fait irruption sur le plateau, provoquant l'interruption du journal télévisé, qui n'a pas repris.

L'Appel de Montpellier

Manifestation d'intermittents le 14 mai à Paris
Cette occupation  était présentée comme était aussi une action de solidarité en direction de l’équipe du Printemps des Comédiens : en effet, ce festival de théâtre, situé également à Montpellier, est en grève depuis mardi 3 juin, pour protester contre l’accord sur l’assurance-chômage signé le 22 mars.

Un "ultimatum" a été adressé au ministre du Travail, lui demandant de ne pas agréer le texte, et de rouvrir des négociations sur la base de propositions alternatives. Au Printemps des Comédiens, la situation devient sensible : la poursuite du mouvement pourrait se traduire par l’annulation du festival, prévu jusqu’au 29 juin. 

La CGT-Spectacle a adressé un préavis de grève national, le 4 juin, qui prend effet à minuit

Les partenaires sociaux ont décidé de mesures d'économies sur le régime des intermittents du spectacle et demandé l'ouverture de négociation avec l'Etat sur le sujet, selon un projet d'accord conclu dans la nuit de vendredi 21 à samedi 22 mars.
Le texte présenté par le patronat a recueilli un premier avis positif de la CFDT, la CFTC et FO. La CGT et de la CFE-CGC s'y sont opposés. Les syndicats doivent consulter leurs instances dirigeantes avant de signer officiellement cette nouvelle convention UNEDIC, qui devra aussi être agréée par l'Etat.

Près de 200 manifestants contre l’austérité 
à l’appel du Front de Gauche ont occupé 
une caserne désaffectée de la rue de Reuilly 
  à Paris, en avril 2014.
Le cumul entre allocations versées et salaires sera désormais plafonné à 5.475,75 euros bruts par mois, et un nouveau différé d'indemnisation est mis en place.
Le projet d'accord prévoit également une augmentation des cotisations des salariés et des employeurs du secteur par rapport aux taux appliqué actuellement.
Les signataires demandent enfin à l'Etat d'ouvrir des négociations avant la fin 2014 sur "les moyens de lutter contre la précarité" dans le secteur, "notamment en favorisant le recours au CDI, ainsi que sur la liste des emplois concernés" par le régime de l'intermittence.

La République a bon dos
Les intermittents refusent de subir un accord qui met à mal leurs avantages. 
Mais la reconduction de la grève est-elle concevable si elle doit nuire à leur propre outil de travail et quand le pays est en crise ? 
Si d’autres scènes artistiques prennent le relais et rejoignent le mouvement, alors le Printemps des Comédiens pourra pourtant souffler, selon les intermittents mobilisés. Sur le plateau de l’Opéra de Montpellier, l'un de ces intermittents a lu "l’appel de Montpellier":
"Il appartient à chacun, artiste, technicien, salarié et directeur de structures culturelles, de prendre sa responsabilité et de rejoindre le mouvement de grève."
Hidalgo fait pression sur Rebsamen

Le silence du gouvernement encourage désormais les affrontements au sein du PS, notamment son aile gauche. Après le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, après la maire de Lille, c’est en effet au tour d’Anne Hidalgo, une proche de Martine Aubry, d’interpeller François Rebsamen : mercredi 4 juin, la nouvelle maire de Paris a écrit une lettre au ministre du travail, l'enjoignant de "rouvrir la discussion avec l’ensemble des partenaires".Selon elle, l’accord ne serait "pas à la hauteur d’une réforme progressiste et nécessaire" de l’intermittence du spectacle. 

Mardi 3 juin sur Europe 1, la ministre de la Culture et de la communication, Aurélie Filippetti, a pataugé dans le flou, évoquant de vagues "pistes" à l’étude, comme des "Assises de l’intermittence", ou un fonds d’aide aux intermittents les plus précaires.

Si le Festival d'Avignon est perturbé,
ce ne sera pas la faute du FN...
Mais les intéressés sont susceptibles et ne veulent pas être considérés "comme des mendiants", avec un "régime à trois vitesses". Ils veulent "un accord juste et équitable".

Les intermittents du spectacle  ne sont pas d'accord avec la convention de l'assurance-chômage. Le régime spécifique des intermittents est pratiquement unique au monde. Il y a 30 ans, ils étaient 9.000; ils sont aujourd'hui plus de 100.000 et la Cour des Comptes dénonce régulièrement de nombreux abus.

"Comme un effort était demandé aux demandeurs d'emplois, l'idée était que cet effort soit partagé" par les intermittents, a indiqué la négociatrice de la CFDT, Véronique Descacq. Selon elle, ces mesures représenteraient 165 millions d'euros entre économies et nouvelles recettes.


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