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lundi 9 juin 2014

L’affaire BNP s’aggrave: François Hollande bat des records de maladresse…

Les Américains en profitent pour redoubler d’hypocrisie

L’affaire BNP Paribas est devenue extrêmement grave pour l’équilibre financier de la planète,
 
selon Jean-Claude Trichet, l’ex-président de la BCE. Or, face à l’hypocrisie américaine, la présidence française s’y prend vraiment très mal, d'après Jean-Marc Sylvestre, journaliste économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010, puis sur i>télé (groupe Canal+).


L'affaire Kerviel inspire Obama et, depuis une semaine, on sait que la banque française pourrait se voir infliger une amende de plus de 10 milliards d’euros. Le New York Times parlait même hier de 16 milliards d’euros avec un risque de voir la licence bancaire retirée, c’est-à-dire le droit d’exercer l’activité de banquier en dollars, sur le sol de nos alliés américains et partout dans le monde… 
Les autorités de surveillance américaines reprochent à la banque française non seulement d’avoir transgressé l’embargo américain en travaillant avec des pays sur la liste noire de Washington (Cuba, Soudan, Iran..) mais en ayant aussi travaillé en dollars.

En fait,
les USA s’estiment responsables des opérations faites en dollars dans le monde entier…
Si les rumeurs rapportées par la presse américaine étaient vérifiées, il s’agirait de la condamnation à mort d’une très grande banque française. La taxer d'une amende de 16 milliards, c’est déjà énorme. Mais en lui retirant la licence, on lui interdirait carrément de travailler. La privation du passeport serait une catastrophe pour tout le monde.
A supposer que la BNP ait gravement fauté dans l’interprétation de la réglementation américaine, la condamnation paraît astronomique…disproportionnée. Elle revient à obliger la banque à augmenter considérablement sa couverture de risques en fonds propres ce qui limite forcément ses moyens de crédits aux entreprises, mais plus grave, pour Jean-Claude Trichet qui s’exprimait jeudi dernier, "une telle décision serait systémique", c’est-à-dire que son impact se propagerait au monde entier avec des conséquences incontrôlables. La confiance dans les systèmes financiers serait à nouveau ébranlée, un peu comme au lendemain de l'éclatement de la bulle spéculative des subprimes en 2008.
L’effet contagion serait d’autant plus rapide que dans ces conditions d’autres banques françaises et étrangères seraient touchées par les sanctions parce que beaucoup de banques ont, semble-t-il, également fauté.
Ce qui est sûr, c’est que le monde entier travaille en dollars et que si l'on risque de perdre son passeport à chaque fois que l'on touche un dollar, l’économie toute entière risque fort de s’arrêter. 

Les observateurs donnent deux explications à cette affaire surréaliste

Ou bien les autorités américaines n’ont pas évalué le risque systémique. Cela parait difficile à imaginer encore que la liste des banques, au banc des accusés est longue, elle ne se limitera pas à une banque française. On se souvient aussi que les autorités judiciaires américaines n’avaient pas évalué en septembre 2008 le risque de catastrophe systémique en prononçant la faillite de Lehman Brothers.

Ou bien, le système américain cherche à exclure du jeu financier mondial des concurrents dangereux parce qu’efficaces. La suprématie américaine sur la planète s’exerce par la toute-puissance de la monnaie, le dollar et des banques américaines qui ne veulent guère partager. Point barre.

En attendant, la France est effectivement en première ligne parce qu'outre la BNP, explicitement condamnée par la presse financière américaine, on sait déjà que la plupart des autres banques françaises et beaucoup de banques européennes sont également ciblées.

Face à cette situation, la gouvernance française est d’abord restée muette. Pour des raisons de politique intérieure, le président Hollande et son gouvernement se sentaient mal à l’aise de défendre des financiers et des banquiers que l’on a plutôt fustigés jadis pour excès de spéculation. Mais il est vrai qu’on était alors en campagne électorale. Depuis deux semaines, on a compris dans les sphères les plus élevées de l’Etat que cette menace sur la banque française était sérieuse.

Après que la presse se soit étonnée de l’immobilisme des autorités françaises (comparé à l’interventionnisme intempestif et incohérent contre General Electric dans le dossier Alstom), la contre-offensive a été discrètement lancée par Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, qui a mobilisé les réseaux diplomatiques et consulté les meilleurs avocats. Puis par Michel Sapin qui a posé les vraies questions en s’étonnant que la presse américaine se précipite à condamner ainsi une banque française et en demandant seulement que cette affaire soit traitée équitablement. Pas question à ce moment-là de douter du caractère exclusivement judiciaire de cette affaire. La réaction française consistait pourtant à déléguer aux avocats le soin d’avancer dans le dossier.

Mais François Hollande est venu gâter la sauce en intervenant pour en souligner le caractère politique. En pleine préparation des cérémonies de commémoration du D-Day au cours desquelles il allait recevoir les plus grands chefs d’Etat de la planète, il a cru bon de mettre à l’ordre du jour des rencontres au sommet avec Barack Obama cette affaire de BNP Paribas. Il a d’abord écrit au président américain pour s’étonner des arrières pensées politiques qu’il a cru suspecter, reprochant au président US d’utiliser cette affaire pour se donner une image de pourfendeur de la spéculation et de protecteurs de la morale et de l’éthique financière. Non seulement, le président français aurait écrit au président américain, mais il aurait aussi relancé le débat lors de leurs entretiens, l’Elysée faisant savoir que la France ne pouvait pas s'en laisser imposer.

En accusant Barack Obama d’utiliser l’affaire BNP a des fins de politique intérieure puisque Obama a besoin de montrer à son peuple qu'il surveille les banques), François Hollande a raison. C’est un vrai procès. Mais là où François Hollande a eu gravement tort, c’est de polluer un événement planétaire prestigieux où le monde entier devait célébrer la liberté et la solidarité entre les peuples, par de lamentables affaires de cuisines financières. Ça pouvait se traiter ailleurs. Là où François Hollande a eu gravement tort c’est que lui-même, n’hésite pas à utiliser les banques et leurs méfaits, quand il en a besoin pour plaire à son aile gauche.

La presse américaine ne nous a d’ailleurs pas épargné en accusant François Hollande de vouloir tordre le bras des Américains et le président Obama n’a pas manqué de nous donner devant le monde entier une leçon d’indépendance de la justice et de démocratie. "Chez nous en Amérique, le président ne peut pas téléphoner au procureur pour lui dicter une décision de justice"...
Le chef de la diplomatie, John Kerry soi-même,  en a même rajouté à Paris en estimant "qu'en Amérique la justice est indépendante et si dans certains pays ce n’est pas le cas ... " Ni Libération, ni Le Monde n'a eu en France cette analyse...

Pour le président Français, c’est une claque de plus

Le président exemplaire se fait taper sur les doigts
En même temps, la position américaine est d’une hypocrisie sans nom. Il n'est pas un grand pays au monde qui ait été aussi laxiste  que l’Amérique avec ses banques, alors que l’Europe -et la France en particulier- ont toujours été d’une rigueur et d’une sévérité sans pareils, au point que cela a pu, avec Bâle 3, freiner leur capacité d'activité. Le principe de précaution appliqué aux banques a sécurisé le système français, quand il ne les a pas entravés. Et si les Européens ont été à la peine,  c’est autant à cause du laisser-aller américain que de leurs propres erreurs. Barack Obama a, semble t-il, oublié son laisser-faire, bien content de trouver en Europe des bouc-émissaires.

Cela dit, désormais, il va bien falloir que cette affaire se calme pour laisser aux juristes, et aux diplomates le soin de faire leur métier. Et de tirer les leçons de cet épisode.

La première est que ce type d’affaires ne peut pas se résoudre à l’échelle nationale. C’est typiquement une négociation que l’Europe (la zone euro) devrait prendre en charge, car l’Amérique profite évidemment des désaccords européens. La zone euro incapable de parler d’une même voix est à chaque fois disqualifiée. Sans parler des gouvernements qui n’ont pas su développer une relation saine, correcte et responsable avec leurs entreprises. Il est en effet très difficiles de défendre des entreprises quand, du sommet de l'Etat jusqu'à Montebourg, on a traité les patrons de voyous pendant si longtemps.

La seconde leçon est que cette affaire plaide pour la négociation d’un traité d’échange commercial et financier entre les l’Europe et les USA. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, il faut éliminer les risques de guerre financière. Au moins pourrait-on disposer d’un cadre pour prévenir ce genre d’affaires.

La troisième leçon est bien évidemment qu'il faudrait travailler en euro. Le dollar est d’autant plus fort et inattaquable que c’est la monnaie mondiale. L’euro n’est qu'une monnaie de réserve spécialisée dans le financement des dettes d’Etat garanties par des contribuables hors pairs que sont les Européens. Si les dettes publiques sont en euros, les affaires se font en dollars. Et pour stopper cette dérive, une seule solution, diminuer les dettes publiques. Étonnant? Non ! On en revient à la case départ, en attendant de mettre les banquiers en prison.

En 
disant détecter des aptitudes diplomatiques chez Hollande lors des célébrations du Débarquement allié de 1944, la presse hexagonale tentait une fois de plus d'intoxiquer la population en glorifiant le bourrin: Pépère est aussi fin diplomate qu'expert économique !... 

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