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mercredi 18 février 2015

Carlton: condamnation des Français; mais relaxe pour DSK...

Que les avocats arrêtent un peu de dire n'importe quoi !

"Ce dossier a transformé 66 millions de Français en voyeurs", accuse Me Malka

blog -DSK-regard parti en couille
Comme Monsieur Tout-le-Monde Dominique Strauss-Kahn a trois avocats et ils ont plaidé la relaxe de leur client Quand Me Frédérique Baulieu parle de débauche, elle vise les moyens disproportionnés mis en oeuvre par la justice pour prouver que Dominique Strauss-Kahn est un proxénète. 
Des moyens détournés du vrai sujet de fond, la dissimulation, et s'agissant d'un homme politique, c'est une faute de la République contre la démocratie. DSK n'était-il pas le chouchou des militants du PS et le candidat potentiel du Parti socialiste à la présidentielle, avant sa méchante affaire de sexe aux Etats-Unis et la promotion d'un ersatz, le générique François Hollande.

Me Baulieu est l'une des trois avocats de DSK pour le procès de l'affaire dite de l'hôtel Carlton de Lille

Lundi, les quatre ex-prostituées - ou "libertines", selon la sémantique du présumé innocent de tout - s'étaient constituées parties civiles mais, malgré tous les avatars subis, ont finalement préféré le retrait en renonçant à demander réparation à l'ancien directeur général du FMI. 

Comme prévu, le procureur de Lille a requis mardi sa "relaxe pure et simple", estimant que rien, ni dans la procédure, ni à l'audience, ne permettrait de pénétrer la voie de la condamnation. La défense a joué son rôle en feignant de se battre comme s'il existait encore des charges et des victimes: elle sait que, depuis le départ, le tribunal n'est pas libre de sa décision et que les plaidoiries font partie du show. C'est à cette femme avocate qu'est dévolue la lourde tâche de stériliser le dossier des miasmes qui souvent indisposent les juges. "Cela suffit, les anathèmes", gronde-t-elle, indignée, après avoir dénoncé, pince (à sein) sans rire, cette fameuse... "débauche de moyens". Sa colère s'abat, notamment, sur Me Daoud, conseil du mouvement Le Nid, luttant contre les causes et les conséquences de la prostitution et partie civile, qui avait déclaré: "Vous relaxerez peut-être DSK, mais beaucoup ne seront pas dupes". "Que signifie cette phrase?, attaque la dame à bavette, plus sourcilleuse de la forme que des turpitudes de son client. Que Dominique Strauss-Kahn est un menteur, un tricheur, un salaud de la pire espèce puisqu'il s'en sort!" accuse-t-elle, mi-consciente, mi-courroucée, faisant les questions et les réponses.

Icone piégée par un statut qui la dépasse, Jade se fait fouetter
La partie fine est délicate: il s'agit de faire litière des accusations portées jusqu'à l'audience par Jade et Mounia. Après avoir feint de saluer la vertu des "libertines", comme on dit entre gens bien élevés, Me Baulieu s'y vautre, sans le risque que courrait un collègue homme : "J'ai pour Jade une certaine estime, car j'aime les gens qui se battent, et beaucoup de colère pour ce qu'on lui a fait subir à l'instruction", attaque la très libérale avocate, aussi habile manipulatrice du paradoxe que du sex toy (peut-être).
Et de passer méthodiquement au destructeur de documents les déclarations successives d'une "femme de mauvaise vie"qui, forcément, selon les bien-pensants de droite comme de gauche, "réécrit l'histoire, réinvente tout", selon une maîtresse de la défense qui a toutes les indulgences pour le macho, pervers mais sincère et juste un peu libidineux. Sans jamais prononcer le terme de menteuse, car Jade "a été obligée d'agir ainsi, on en a fait LA prostituée. Ce n'est pas à elle qu'il faut en vouloir, lance maintenant l'amatrice de poncifs, mais à ceux qui l'ont érigée en symbole". 

Et l'avocate de déplacer le dossier sur le terrrain de la prostitution en général et de fantasmer, outre l'innocence de ces dames, l'exploitation de la femme, sans désir ni plaisir, "pur" objet sexuel piégé par une étiquette qui la recouvrirait des cuissardes en cuir au 'gag ball' en silicone. Sa démonstration juridique tend aussi à battre en brèche l'hypothèse d'une garçonnière parisienne de DSK destinée à encourager la prostitution.Cette extravagante hypothèse avait été balayée à l'audience en moins de 10 minutes, comme s'il valait mieux ne pas y séjourner. 

Me Baulieu nie donc tout en bloc,
martelant - pour convaincre ? - que son client ignorait que certaines des jeunes participantes soumises aux ébats collectifs pouvaient être des prostituées, révélant ainsi une haute idée de la femme car, sans doute, toutes sont des cochonnes libertines. Et quand bien même il l'eût su, il n'aurait été qu'un client et non un proxénète, n'ayant rien fait pour favoriser, encourager leur condition, et encore moins pour en tirer avantage. D'aucune façon. Leur reconnaissance serait immense. De même que, si on suit ce raisonnement, DSK serait un simple consommateur, puisque l'ex-patron du Fonds Monétaire International ignore à l'évidence que tout se monnaye, et dans le pire des cas, un odieux profiteur socialiste qui honore des filles de basse extraction... Des quémandeuses de bienfaits et de liquide versé par des proches de DSK, à l'insu du bonhomme, tant il est vrai que Dominique Strauss-Kahn, outre qu'il est un grand sentimental, est un petit ingénu éloigné des contingences matérielles: les femmes, pense-t-il, le recherchant uniquement pour sa verdeur de sexagénaire adipeux et pour son appétit encore aiguisable, mais réclamant une expertise stimulante, attentive et soutenue.

"On le poursuit, car c'est un homme... puissant," risque, sans rire, l'avocate 
L'intention est de combattre l'idée que la justice puisse avoir des faiblesses pour un homme d'entregent et de réseaux comme Strauss-Kahn. "Le droit a été tordu, détourné de sa finalité, ainsi que les faits, assure Maîtresse Frédérique Baulieu au terme d'une session sans temps mort. Mais la tentative est cousue de fil blanc.
"Je suis fière de défendre Dominique Strauss-Kahn, car il a tenu face aux vents mauvais. Sa relaxe sera juste, elle sera belle." La sodomie remplit l'avocate de fierté, comme si tenir, à 66 ans, à force d'artifices et de persévérance, était un exploit.
 
Me Richard Malka prend le relais pour le dernier coup de reins

On comprend vite qu'il est chargé de faire diversion en détournant le procès du sujet. "Ce dossier a transformé 66 millions de Français en voyeurs", tonne le déviant, pointant "trois années de violation du secret de l'instruction, d'étalage de ce qu'il y a de plus intime et de plus mystérieux dans la vie d'un homme". Par ailleurs grand spécialiste du droit de la presse et pourtant ardent défenseur de la liberté d'expression, l'avocat s'en prend aux moralistes qui ont joué les passagers clandestins de la procédure, au premier rang desquels il place, sans jamais les nommer, les juges d'instruction, tous des vicieux.

Or, le droit français ne juge pas de la moralité des accusés et, si la ficelle est donc un peu grosse, rien ne fait peur au sodomite. Il s'en prend aussi aux parties civiles qui voudraient faire "le procès de la société. Mais ici, on fait le procès des hommes, sur la base de lois qui ont été votées" (allusion à un projet de texte visant à pénaliser les clients de prostituées examiné par le Sénat). 

Me Malka, qui n'est pas davantage jugé sur la moralité de ses méthodes, reproche le mot "omerta", qui sous-entend l'existence d'un réseau mafieux, et balise l'ordonnance de renvoi. Il souligne que Jade, en parlant à DSK lors de la phase d'instruction, l'appelait souvent "Monsieur Machin". "Cela n'est pas anodin, analyse l'avocat. Cela permet de transformer une personne humaine en croquemitaine", à moins que Malka néglige une interprétation moins sujette à caution et qui manifeste tout le mépris qu'inspire le personnage. Il en profite pour s'indigner aussi que l'ordonnance ne fasse "de la notoriété et de la position sociale de DSK un élément de l'infraction". "On le poursuit car c'est un homme puissant", raconte-t-il, et il est exact que le statut exceptionnel du prévenu, de même que son comportement supposé au lit, ont été retenus à charge par les juges.
Ce qui, à la vérité, n'est pas retenu, c'est le statut politique de cet homme puissant. Selon les sondages de 2006, Dominique Strauss-Kahn aurait été le mieux placé pour gagner l'Elysée. Les Français -et donc les juges- étaient intéressés de savoir ce qui occupe son esprit, plutôt que sous la ceinture: la crise économique et financière internationale qui se profilait, la courbe du chômage ou celles des femmes qui passent?

Ce que les électeurs doivent savoir avant, c'est que leur candidat n'est pas un dissimulateur, pour le fisc, façon Cahuzac, pour la médecine, façon Mitterrand ou pour la sincérité, façon Strauss-Kahn. Car la sexualité pathologique du candidat socialiste de 2007 était connue de son entourage, lequel lui aurait demandé de promettre de se soigner: or, il aurait promis sans donner suite. 
Au lieu de se faire aider, Dominique Strauss-Kahn a visiblement mis en place un réseau d'écrans, de filtres et de paravents à son activité débridée. D'où les intermédiaires et le cloisonnement de son organisation de type mafieux.

Me Malka brandit maintenant une manchette du Monde qui mentionne: "Proxénétisme: les procès-verbaux qui accusent DSK", pour dénoncer un "mirage juridique" complaisamment entretenu par la presse dite sérieuse. Quand on tape, sur Google, DSK+matériel (dans un SMS de DSK, ce mot était employé pour masquer l'exploitation de "femmes": à noter qu'elles étaient soi-disant consentantes et qu'il s'agissait donc bien de ne pas se faire découvrir), on tombe sur 493.000 entrées !" Il oppose à ce torrent de boue l'édifiant curriculum vitae de DSK - emporté par son parti-pris vénal et son impudeur, l'avocat n'est pas loin de brosser un portrait de son client en sauveur de l'humanité -, et lance: "Ce n'est pas parce qu'on a rendu de grands services à son pays qu'on a le droit d'être traité plus mal que n'importe qui". Suit le raisonnement qui peut... 

Ironique et léger, Me Malka raille les parties civiles qui décrivent favorablement les "clubs libertins" - en clair, des boîtes à partouzes- pour les opposer aux "boucheries" des soirées avec DSK: "On vous raconte n'importe quoi! Une club libertin, ce serait un champ de pâquerettes doux et tendre où l'on viendrait tranquillement bavarder ?" Me Malka n'est pas de ces bisounours. 
Il note au passage que, selon une étude Ifop, quelque 4 millions de Français seraient clients de ces établissements, ce qui, pour la défense, replacerait la pantagruélique sexualité de DSK dans une statistique rassurante. A cela près que si un pro comme DSK peut tenir tête à 4 millions d'amateurs occasionnels, il lui serait resté peu de temps à consacrer aux affaires de l'Etat, le seul sujet qui importe aux Français, n'en déplaise à l'embrouilleur qui fait le reproche aux juges d'instruction, aux journalistes et aux Français de se délecter du sujet.

Pour conclure, la parole est donnée à Me Henri Leclerc


Agé de 80 ans, Henri Leclerc n'est pas atteint par la limite d'âge, ni moqué comme Michel Rocard (34), et
il n'est pas davantage soupçonné de conflit d'intérêts mais son passé a un prix qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. Me Leclerc est à nouveau sorti de sa retraite pour servir les intérêts de DSK par sa seule présence, mais aussi pour les caméras, tout en voulant régler des comptes avec les journaux. L'origine de sa rancune est autre, mais il prend du plaisir à dénoncer les journaux qui ont fait des ventes sur l'exposition de la vie privée de son client. 
Commandeur de la Légion d'honneur, l'octogénaire ose au micro le mot tabou du procès: "Une sodomie bien traitée, c'est plus vendeur qu'une déclaration d'innocence". Contre les bien-pensants faussement (?) révulsés et vilainement émoustillés (?) par les détails salaces, il montre du doigt : "Qu'est-ce que c'est que ces cris d'indignation, ces sourires pincés, ces rires gras dans les soirées mondaines? Pas trop de leçons, s'il vous plaît". Par chance, les soirées mondaines ne sont pas le quotidien des chômeurs et des mal-logés dont semble préoccupée Martine Aubry qu'il soutint dans sa campagne pour les primaires socialistes en vue de l'élection présidentielle de 2012. Il est en revanche le conseil du journal socialo-bobo Libération ou le fut déjà de Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire de moeurs dont Tristane Banon l'accusa pour tentative de viol en 2006, affaire qui rebondit en 2011 quand Dominique Strauss-Kahn est accusé d'agression sexuelle aux États-Unis. 

"Les juges avaient dans leur placard une caricature de DSK, chacun l'appréciera comme il l'entend, dénonce l'avocat drapé de probité. Aujourd'hui, il ne reste rien de ce dossier, il est à terre, juge-t-il. Au tribunal qu'il interpelle, il lance: "Votre décision ne réparera pas tous les dégâts. Jade et Mounia ont été détruites à l'instruction, l'expert psychologue l'a dit (c'est dire !). Mais votre décision est fondamentale pour notre justice. Il est important qu'on sache que, malgré les dérapages, elle reste debout, loyale, contradictoire. Ma pauvre vieille justice, que je sers depuis 60 ans, toute cabossée et toute mal foutue, mais qui existe. Relaxez Dominique Strauss-Kahn, et ce sera justice". 

La justice est-elle libre et indépendante quand un accusé sort de sa manche un vénérable vieillard, qui plus est ancien président de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen ?

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