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dimanche 1 mars 2015

France 2 invite le sulfureux Edwy Plenel à l'émission de Ruquier et Caron

Edwy Plenel-Tariq Ramadan, entre démocratie et charia
Le pluralisme existe-t-il sur le service public ? 
Marine Le Pen, 25%, exclue; NPA, 0,02%, invité d'OMPC

Plus particulièrement chargé des questions internationales, le journaliste Régis Soubrouillard a écrit ces lignes pour Marianne, le samedi 24 Janvier 2015:

Plenel, à gauche, Ramadan, à  droite,
tous deux dissimulés derrière soit sa moustache, soit sa main...

I
l y a tout juste une semaine, à Brétigny-sur-Orge [Essonne], le prédicateur [imam?] Tariq Ramadan et Edwy Plenel [trotskiste, anarcho-révolutionnaire, Gauche anticapitaliste, comme le NPA] participaient à un dîner-débat à l'invitation d'une association pour l'insertion des jeunes de banlieue et d'un tour operator spécialisé dans les pèlerinages à la Mecque. Les deux intervenants ont déroulé leur partition. Tariq Ramadan se lançant dans un long prêche communautaire en vue de conseiller l'audience sur le comportement à adopter compte tenu de l'actualité, Edwy Plenel en défenseur de la liberté d'expression laissera échapper des propos plus ambigus qu'il n'y paraît...


Dans son dernier roman, Michel Houellebecq met furtivement en scène l’islamologue suisse Tariq Ramadan, adepte d’une « charia novatrice voire révolutionnaire » en course pour la présidentielle. Malheureusement pour lui, Tariq Ramadan verra ses ambitions politiques plombées par ce que l’auteur appelle « ses accointances trotskistes ». C’est finalement son rival, alliée à l'ensemble de la classe politique contre Marine Le Pen, qui accédera au poste suprême dans la fiction « houellebecquienne ».
Et si le rapprochement entre l’islamiste « moderne » et les trotskistes avait finalement eu lieu samedi dernier à Brétigny-sur-Orge ? En pleine tournée promotionnelle pour son dernier livre 'Pour les musulmans', Edwy Plenel débattait en effet avec Tariq Ramadan qui publie lui 'De l'islam et des musulmans'. Une conférence-débat organisée par une association pour l'insertion des jeunes de banlieue et... France Manassik, un tour operator spécialisé dans les pèlerinages à La Mecque. 


Perçu par certains comme le « gendre idéal de l’islam », Tariq Ramadan cultive depuis longtemps un discours ambigu sur l’islam fondamentaliste, une dénonciation du bout des lèvres qui vise toujours un autre responsable. Faut-il rappeler sa réaction face à l'enlèvement des jeunes filles au Nigéria par les terroristes de Boko Haram [mouvement salafiste djihadiste]? Il le condamnera… pour mieux pointer la responsabilité de l’Occident coupable de ne réagir qu’« à des exactions de cette nature sur le plan émotif » encourageant les terroristes à agir de la sorte. Une dialectique largement en vogue dans les milieux de la sociologie d’extrême gauche qui nous explique encore aujourd’hui très sérieusement que le terrorisme islamiste n’est que la conséquence du racisme des Occidentaux. Tariq Ramadan refusera également de condamner la lapidation en Arabie saoudite se limitant à proposer « un moratoire », pendant lequel il faudrait arrêter de « jeter la pierre à la femme adultère » comme le chantait Brassens.

Ses réactions sur l’attentat de Charlie Hebdo vont dans le même sensmême s'il s'en défend sur sa page Facebook. Tariq Ramadan condamne en désignant le véritable responsable selon lui : les services de renseignement. « On a entendu hier [que les frères Kouachi] ont oublié leurs cartes d’identité dans la voiture, deux cartes d’identité... d’un côté tant de sophistication, de l’autre tant de stupidité... Nous devons demander qui sont ces gens, nous devons demander comment ils ont été en capacité de faire cela (...) Nous devons creuser, aller plus profond; nous devons demander quelles sont leurs connexions, quel est le rôle des services secrets dans toute cette affaire, où sont-ils, comment cela a-t-il pu se passer de cette manière (...) nous devons condamner, mais nous ne devons pas être naïfs ».

Quelle utilité d’évoquer le « rôle » des services secrets quand il semble que leur principale faute est peut-être de n'en avoir joué précisément aucun. Des allusions complotistes du même type se répandent sur les réseaux sociaux depuis plus de dix jours et Jean-Marie Le Pen s'en est d'ailleurs fait l'écho dans un journal russe. Tariq Ramadan pioche donc là aux meilleures sources...

L'alliance de la République démocratique et de la charia

Aucune duplicité, en fait, comme le notaient déjà en 2003 la philosophe Cynthia Fleury et l’essayiste Emmanuel Lemieux dans un texte lumineux paru dans Libération sur « l’entrisme de Tariq Ramadan » qualifié de « gramsciste islamiste » [du nom d'Antonio Gramsci, marxiste, membre fondateur du Parti communiste italien]: « Cessons de dire que Tariq Ramadan est "ambivalent". Il est très clair. Il veut un "citoyen musulman", qui rende des comptes à la fois à la République démocratique et à la charia [dans un premier temps]. C'est théoriquement impossible, car ces systèmes ne souffrent aucune concurrence : ils sont par définition exclusifs l'un de l'autre. Gardons-nous de les harmoniser... ou alors, avouons tout aussi clairement que nous sommes las des libertés, des égalités, des dignités chèrement gagnées au cours de notre histoire. (…) Pour déconstruire la "spiritualité" de Tariq Ramadan, il faut rappeler qu'il désire qu'elle fasse "autorité" sur la société ; que son "espace de témoignage" n'a rien d'un lieu de débats entre non-musulmans et musulmans, mais tout d'une islamisation de l'Occident, véritable nom de l'occidentalisation de l'islam ».

Dans son échange avec le fondateur de Mediapart, le prédicateur Tariq Ramadan qui dénonçait donc les émotions occidentales lors de l’enlèvement des jeunes nigérianes par Boko Haram, se lancera justement dans un long discours sur l’émotion : « Il faut savoir répondre aux émotions. La France a besoin aujourd’hui de gens ouverts de cœur, calme d’esprit » [prêche-t-il posément]. C’est en chef d'état-major que Tariq Ramadan s’adresse à son public et lui explique comment se comporter afin d’adopter « une nouvelle stratégie » face à l’émotion médiatique, usant et abusant d’un « nous » tellement communautaire qu’il prend des airs troublants de prêche, validant encore une fois la thèse de Fleury et Lemieux.

En l’espèce, Tariq Ramadan est un virtuose, formé aux meilleures écoles, petit-fils du fondateur des Frères musulmans [financés par le Qatar et l'Arabie saoudite, dénoncés par Plenel au cours de l'émission ONPC du 28 février] et surtout adepte de Youssef Qaradawi, l’un des prédicateurs les plus influents parmi l'organisation islamiste des Frères musulmans. Un égyptien exilé au Qatar qui doit faire avec un mandat d’arrêt lancé contre lui par Interpol par l’Egypte pour incitation au meurtre. Ramadan, que certains imaginent en successeur de Qaradawi, a, lui, toujours ses entrées dans la pétromonarchie qui finance sa chaire à l’université d’Oxford et dans laquelle il dirige également un Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique (le site a une version française). Le Qatar — pays avec lequel Mediapart n'est pas tendre — qui avec l’Arabie Saoudite, et même si Laurent Fabius ne veut rien en savoir, reste l’un des grands « incubateurs » du fondamentalisme islamiste.

Le chercheur Gilles Kepel avait cherché à situer le positionnement de Tariq Ramadan : la « wassatiya » ou l’art du « juste milieu ». Une sorte de centrisme islamiste qui nécessite forcément une modération de son discours en fonction du public, d’où ses livres avec Edgar Morin, preuve éclatante de cette pratique de l’entrisme.

Nous ne ferons pas injure à Edwy Plenel de le soupçonner d’avoir été dupé par Tariq Ramadan. 

Depuis Lionel Jospin, chacun connaît le talent inégalé des anciens trotskistes en matière d’entrisme... Le fondateur de Mediapart usera néanmoins d’un argument curieux sur Twitter pour faire de Ramadan un interlocuteur bien sous tous rapports. Il expliquera en effet que le livre Déviances et incohérences chez les penseurs de la décadence, un ouvrage qui réfute les thèses de Ramadan, avait été retrouvé chez le terroriste Amedi Coulibaly. On a vu plus convaincant comme tentative de réhabilitation...


Durant cette conférence où, comme Causeur l’avait révélé, l’un des tour-operators spécialisés dans les pélerinages, proposait de gagner un voyage à La Mecque, Edwy Plenel citera à plusieurs reprises Charles Péguy, un écrivain brillant, socialiste et dreyfusard, républicain et catholique mystique.
Edwy Plenel le citera deux fois : « Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde, ils croient qu’ils sont de dieu ». Ce sont alors, les phrases d’un Péguy catholique à l’égard des intégristes de sa famille que Plenel adresse à la salle. Mais du même Péguy, Plenel retiendra une autre phase, plus ambiguë : « On ne refonde aucune culture sur la dérision ». Une phrase de Péguy régulièrement citée pour dénoncer une forme « d'intégrisme de la rigolade » de nos sociétés médiatiques. Ce qui n'est pas tout à fait faux. Mais à l’époque, Péguy fait en fait allusion au journal d’extrême droite l’Action française, antisémite et défenseur d’une idéologie de la race pure qui s’oppose également violemment à la démocratie, à la République et aux engagements dreyfusards de Péguy.

Interrogé par Marianne sur le sens de cette
citation que l’on pourrait interpréter comme visant Charlie Hebdo, Edwy Plenel nous répondra par texto que « le débat à Bretigny a duré trois heures, la liberté d’expression y a été défendue sans ambiguïté aucune par les intervenants. Droit à la caricature compris. Ma référence à Péguy vise ceux politiques et médias qui, dans l’espace public, se permettent de stigmatiser au nom de l’origine, de la culture, de la croyance une partie de notre peuple. Bref Zemmour & Co et toute cette violence de parole xénophobe et raciste dont l’alibi est la transgression médiatique ».

Au téléphone, tentant de faire remarquer à Edwy Plenel que
Zemmour ne donne ni dans la dérision, ni dans le sarcasme, que les événements de Charlie Hebdo avaient au moins démontré une chose, que l'islamisme totalitaire [pléonasme] ne supporte ni la dérision, ni le sarcasme, et que face à un public de culture musulmane, le sujet d’actualité semblait plus être Charlie Hebdo que les dernières zemmoureries, le fondateur de Mediapart niera s’adresser à un « public musulman » : « Je m’adresse à des Français qui viennent écouter une conférence à laquelle vous n’étiez pas durant laquelle la liberté d’expression et le droit à la caricature sans haine ont été défendus sans ambiguïtés ».

Dont acte. Edwy Plenel ne nous enlèvera pas de l’idée qu’une conférence débat avec Tariq Ramadan, durant laquelle un tour operator propose de remporter un voyage à La Mecque attire sans doute plus — soyons prudents — une population de culture musulmane. Et en ces temps sensibles, le sujet qui fait débat en matière de dérision et de sarcasme porte plus sur Charlie Hebdo. Nous n’aurons malheureusement pas eu le loisir de poser la question à Edwy Plenel des thèmes abordés par le public pendant la soirée, ni de lui demander son avis sur les
liens de Tariq Ramadan avec l'organisation islamiste des Frères musulmans, le Qatar ou sur la compatibilité entre charia et démocratie. A ce moment précis, il avait déjà raccroché, nous laissant à ce qu’il appellera nos « obsessions ». 

Il faut croire qu'Edwy Plenel les partage en partie. Après notre appel, sur France culture [radio de service public où il a micro ouvert, grâce au SNJ], il consacrait une chronique précisément à ces deux citations de Charles Péguy. Jeudi, toujours aussi ambigu, au « Petit journal » de Canal+ — la
chaîne qui incarne précisément cet intégrisme de la rigolade [voire de la poilade]... — Edwy Plenel sera incapable de délivrer une parole claire sur les unes, choquantes ou non, de Charlie Hebdo comme le fera remarquer Daniel Schneidermann, tournant autour du pot, éludant les questions sur le sujet : « Moi, je ne suis pas choqué... Ça ne me concerne pas... Mais je ne pense pas que dans le débat public, on puisse tout prendre à la rigolade, à l'ironie, à la moquerie. Dans ce moment de solidarité avec les caricaturistes, je les défends, je les soutiens, mais la haine ne peut pas avoir l'excuse de l'humour, et la moquerie est condamnable si elle s'attaque à des gens, à des identités ». Certains appelleront sans doute ça de la nuance mais une demi-vérité est parfois pire qu'un mensonge entier.

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1 commentaire:

  1. bonjour
    Tariq ramadan ! le double langage d'un "pro" de la manipulation et dissimulation
    guy muller

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