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mardi 28 avril 2015

Indonésie: la grâce de Serge Atlaoui aurait été rejetée

L'Indonésie disposait de dix condamnés à exécuter pour trafic de drogue

Jeudi 23,
l
es autorités indonésiennes ont donné l'ordre de préparer les exécutions de dix condamnés à mort pour trafic de drogue

L'appel à la grâce de Serge Atlaoui aurait été rejeté par le tribunal administratif de Jakarta, selon le Jakarta Post et l'édition locale de CNN.
Condamné en 2007 pour un trafic de drogue qu'il a toujours nié, Serge Atlaoui dénonce l'absence de motivation dans le rejet de son recours en grâce par le président indonésien, Joko Widodo. Un recours avait été rejeté en première instance, avant que le Français ne fasse appel. Des étrangers sont principalement concernés, dont le Français Serge Atlaoui, suscitant l'indignation de la France et 
de l'UE. "L'ordre a été donné de lancer les préparatifs", a déclaré le porte-parole du bureau du procureur général, Tony Spontana, sans plus de détails.

Les Européens, réunis en sommet jeudi à Bruxelles, ont vivement réagi: "L'Union européenne est totalement opposée à la peine de mort. Cela ne peut pas être une réponse au trafic de drogue", a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Le président français François Hollande a pour sa part affirmé qu'il faut "tout faire jusqu'au dernier moment" pour que l'exécution du Français Serge Atlaoui n'ait pas lieu. "L'abolition de la peine de mort est pour nous un principe essentiel (...) Pour Serge Atlaoui, la mort ne peut pas être la sanction", a-t-il déclaré. 

Une procédure cruelle. 
Aucune date n'a été fixée pour les exécutions qui seront notifiées 72 heures au préalable aux condamnés. Le procureur général a précisé que cela n'a pas encore été le cas.
"C'est une torture psychologique intense", témoigne l'épouse de Serge Atlaoui. Sabine Atlaoui accuse la justice indonésienne d'exécuter "des innocents". " Il y a un énorme problème au niveau de la justice", déplore Sabine Atlaoui. Jusqu'à quand durera le sursis accordé à Serge Atlaoui ? Condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue, le Français a été retiré de la liste des exécutions imminentes en raison d'une procédure en cours devant le tribunal administratif de Jakarta. Si la procédure en cours était rejetée, il serait fusillé seul, a indiqué ce lundi 27 avril Tony Spontana, porte-parole du Parquet. 
Mon mari a été retiré de la liste mais il y a eu tout de suite une annonce du procureur général qui stipule que l'on n'attendra pas la troisième vague pour exécuter Serge Atlaoui : 'Dès que le recours administratif est fini, on l'exécute'. Et ça passe dans les media; c'est une torture psychologique intense".

L'Indonésie a exécuté huit personnes, dont sept étrangers, lundi 28 avril. Sabine Atlaoui évoque "un traumatisme". Elle ajoute : "Tout n'est que souffrance et tristesse". L'épouse du seul Français condamné à mort dans le monde reproche au gouvernement indonésien sa politique, qui vise à donner un sentiment de tolérance zéro vis-à-vis de la drogue. "Ce n'est pas avec des exécutions qu'ils régleront le problème", s'emporte-t-elle.

Serge Atlaoui, incarcéré depuis dix ans, affirme qu'il n'a fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, et qui abritait en réalité une fabrique clandestine d'ecstasy.

Les dix condamnés, originaires d'Australie, France, Brésil, Philippines, Nigeria, Ghana et Indonésie, seront alignés ensemble devant un peloton d'exécution.

Paris n'a cessé de hausser le ton
Depuis le rejet du dernier recours du Français mardi par la Cour suprême d'Indonésie, François Hollande avait déjà menacé mercredi que cette exécution "serait dommageable pour l'Indonésie, dommageable pour les relations que nous voulons avoir avec elle", rappelant son opposition à la peine de mort, abolie en France en 1981.

L'Indonésie reçoit de l'Occident de l'aide humanitaire et de l'aide au développement depuis 1966, en particulier en provenance des États-Unis, de l'Europe occidentale, de l'Australie et du Japon. L'Indonésie est le seul pays membre du G20 dans l'Asie du Sud-Est.

Dans une lettre adressée jeudi à son homologue indonésienne, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a dénoncé le fait que, selon lui, Serge Atlaoui n'a "pas bénéficié du plein exercice de ses droits", "du fait de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne". Le ministre français a accusé la justice indonésienne de "traitement expéditif", jugeant que la victime a été "condamnée à mort par une décision qui comporte des affirmations erronées", a-t-il accusé.
A Jakarta, capitale de l'Indonésie, la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a indiqué qu'elle communiquerait dans la soirée par téléphone avec L. Fabius. "Je vais lui expliquer le système judiciaire en Indonésie, et je vais lui expliquer l'urgence de la situation provoquée par les crimes liés à la drogue" dans l'archipel, a déclaré Mme Marsudi.
Pour la troisième fois, Fabius a convoqué mercredi l'ambassadeur d'Indonésie pour... évoquer cette affaire.

L'UE s'était également déjà émue de cette condamnation.
"Nous reconnaissons que l'Indonésie doit affronter un problème de (trafic de) drogue grandissant, mais l'expérience dans d'autres pays montre que la peine capitale n'est pas la bonne réponse", avait estimé jeudi la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avant le sommet.
"L'UE est prête à réfléchir aux moyens de soutenir les efforts de l'Indonésie dans sa lutte contre la drogue et nous sommes prêts à renforcer notre coopération avec l'Indonésie en ce domaine", avait-elle ajouté.

La détermination du président indonésien Joko Widodo dans sa lutte contre le trafic de drogue est implacable et passe par l'exécution de condamnés à mort, pour des raisons de politique intérieure, mais aussi de crédibilité.
Après avoir remporté la présidentielle l'été dernier et pris ses fonctions en octobre, l'une de ses premières décisions a été de rejeter toutes les demandes de grâce de condamnés à mort pour drogue. Après la reprise des exécutions en janvier pour la première fois depuis 2013 -six condamnés pour trafic de drogue dont cinq étrangers- les autorités ont montré leur intransigeance à exécuter une deuxième liste de condamnés à mort, en grande majorité pour trafic de drogue.

Dirigeant du Parti démocratique indonésien de lutte
Widodo, souriant, avenant, 
mais dur au travail et coeur sec
né de la fusion forcée par le régime de Soeharto de tous les partis non musulmans en un seul, Joko Widodo est proche des gens et en particulier des milieux les plus pauvres dont il est lui-même issu, celui que ses compatriotes appellent affectueusement "Jokowi" incarne un véritable renouveau dans la politique indonésienne. C'est toutefois un homme d'affaires qui exportait de par le monde des meubles en teck indonésien, fabriqués dans l'atelier qu'il avait monté à Solo, sa ville natale, dans l'est de l'île de Java. 
Ancien gouverneur de Jakarta, J. Widodo est arrivé à la politique par la mairie de Solo, conquise en 2005 sous la bannière d'une coalition d'entrepreneurs en guerre contre la corruption et la bureaucratie, fléaux qui freinent le développement global de l'Indonésie. A peine élu, il donna le ton en conservant jeans et chemise, en refusant également d'acheter une nouvelle voiture de fonction, et en reversant son salaire aux bonnes œuvres de la ville. Le genre de comportement que d'aucuns pourraient qualifier de "démago" si Joko Widodo ne vivait pas en Indonésie, pays 260 millions d'habitants où près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 2 dollars par jour et pratique l'islam à près de 90% (8 % des Indonésiens se déclarent chrétiens, dont les deux tiers protestants). Widodo est convaincu que c’est en changeant les habitudes que l’on peut espérer faire évoluer les mentalités.

Comme la France, l'Australie, dont deux ressortissants doivent être exécutés, a mis en garde contre des "conséquences" sur les relations bilatérales en cas d'exécution.


Joie à Manille après le sursis accordé à Mary Jane Veloso


Mary Jane Veloso, une domestique philippine qui devait être fusillée en Indonésie dans la nuit de mardi à mercredi, a bénéficié d'un sursis de dernière minute salué par une joie immense sur les places de Manille. Elle était au nombre des condamnés, dont huit hommes effectivement exécutés, tous convaincus de trafic de drogue. 

Mary Jane Veloso doit son salut provisoire à la personne qui l'aurait recrutée pour transporter de la drogue en Indonésie et qui se serait rendue aux autorités philippines. 

Ces dernières semaines, le pays tout entier s'était mobilisé derrière Mary Jane Veloso. Tout comme le champion de boxe Manny Pacquiao, star dans son pays et très populaire en Indonésie, le président philippin avait supplié de grâcier la jeune mère de famille


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