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vendredi 3 avril 2015

Reprise économique au 1er semestre: une prévision vendue comme un fait

Reprise économique annoncée, mais chômage attendu en hausse

Le gouvernement attend désespérément une
 reprise de l'activité économique

L'INSEE lui offre l'annonce d'une prévision positive lors de la première moitié de l'année 2015, mais elle sera encore insuffisante pour enrayer la hausse du chômage ou provoquer le "déclic" de l'investissement des entreprises.

Dans sa note de conjoncture publiée jeudi, l'Institut national de la statistique et des études économiques prévoit une croissance du produit intérieur brut français de 0,4% au premier trimestre (révision légèrement en hausse par rapport à l'estimation de décembre) et de 0,3% au deuxième trimestre.

La gauche saute allègrement de la prévision à la réalité 
Les éléments de langage de l'AFP répandent la confusion  ensuite entretenue par les organes de presse, tel Libération. "Ces prévisions, qui assurent à la France un acquis de croissance" (croissance annuelle s'il n'y a pas de variation les deux trimestres suivants) de 0,8%, confortent la position du gouvernement qui prévoit 1% sur l'année, mais qui espère aussi aller au-delà", écrit l'agence de presse officielle. 
L'INSEE est d'ailleurs présenté comme une arme de propagande. "De plus, si le scénario conjoncturel de l'Insee se réalise, le produit intérieur brut (PIB) à mi-2015 [dans trois mois] aura crû de 1,1% par rapport à mi-2014."

La voie est ainsi ouverte  au ministre des Finances Michel Sapin qui politise ouvertement le débat. L'économie n'irait-elle donc mal que du fait d'un ressenti mauvais des acteurs? "Le 1% pour l'année 2015, perçu par beaucoup comme irréaliste il y a quelques mois, apparaît aujourd'hui comme un plancher", a polémiqué devant la presse le marchand de sable de Bercy, rappelant que "l'objectif est de faire plus".

Si les chiffres remontaient, deux nuages très noirs hypothéquent encore la reprise

D'une part, l'INSEE ne dissimule pas que le taux de chômage va encore augmenter et, d'autre part, la confiance des entrepreneurs ne revient pas puisque leurs investissements resteront "atones" au premier semestre, malgré un "net redressement" du taux de marge des entreprises.

- 10,2% de chômage dans la seule métropole
Le taux de chômage, qui a atteint la barre des 10% de la population active fin 2014, devrait ainsi continuer à augmenter jusqu'à 10,2% en métropole mi-2015, retrouvant un niveau inégalé depuis près de 20 ans,  fin 1997: 10,8 %, un niveau record depuis la fin des Trente Glorieuses, le socialiste Lionel Jospin étant devenu premier ministre en juin. (Pour mémoire, il annonça alors la fermeture du réacteur Superphénix.) Les économistes et le gouvernement estiment qu'il faut au moins 1,5% de croissance pour faire baisser le chômage: d'où l'intox actuellement développée par l'INSEE, organisme rattaché au ministère de l'Économie.
Comme son prédécesseur, mon beau Sapin, roi de l'intox, le ministre du Travail, François Rebsamen, anticipe le moindre frémissement en prenant ses désirs pour des réalités. Il  "pense" (si, si) que l’année 2015 sera "meilleure que l’année 2014" en matière de lutte contre le chômage, et qu’elle devrait "être le tournant". Le ministre s’attend à "un début de régression" (du nombre des inscrits à Pole emploi), 
à "la fin de l’année." En faisant disparaître certains chômeurs de la photo de l'INSEE 
"On s'attend à une légère augmentation de l'emploi total, de l'ordre de 20.000 emplois, raconte Vladimir Passeron, chef du département conjoncture de l'Insee. Mais, il y aurait un 'mais' !  La population active augmente d'environ 60.000 personnes, donc on observera une hausse du taux de chômage, sur le même rythme que les trimestres précédents", a a-t-il tenté de faire comprendre, lors d'une conférence de presse jeudi.

En attendant, si on veut bien inclure l’Outre-mer, le chômage, qui touchait 10,4% de la population active à la fin de l’année 2014, culminerait cet été à 10,6%.
Fin février, Pôle emploi recensait 3,49 millions de demandeurs d’emploi sans aucune activité en métropole, flirtant avec son record absolu, atteint fin 2014. Sans exclure les chômeurs ayant exercé une petite activité, le deuxième thermomètre du chômage a atteint de nouveaux records, à 5,26 millions en métropole, 5,56 millions avec l’Outre-mer

Et la méthode Coué se heurte aux réalités têtues. Parallèlement, si les perspectives d'investissements dans l'industrie augmentent légèrement, celles des services grèvent la prévision (0,0% en moyenne au premier trimestre, 0,1% au deuxième). Et, avant que le gouvernement n'annonce de nouvelles mesures pour inciter les entreprises à investir, pour l'Insee, c'est comme si c'était assuré, "les conditions sont réunies" pour une reprise de l'investissement.

- "Redressement spectaculaire" des marges 
En effet, le taux de marge des entreprises s'est nettement redressé, estime l'Institut, retrouvant son niveau de 2011 (31,3%). Il l'explique par l'effet conjugué de plusieurs baisses de l'euro, du crédit d'impôt compétitivité emploi et des premières baisses de cotisations patronales prévues dans le pacte de responsabilité, mais aussi des conditions de financement favorables et d'un prix du pétrole qui reste bas grâce au gaz de schiste américain.

L'INSEE tente de minimiser l'impact négatif de la faiblesse de l'investissement sur la reprise économique



"Le taux d'investissement français n'a pas baissé autant en France que dans d'autres pays pendant la crise, il n'y a pas de rattrapage nécessaire", a positivé Laurent Clavel, chef de la division Synthèse conjoncturelle de l'Insee. "Historiquement, la plupart des redémarrages économiques s'accompagnent d'un investissement suiveur, pas moteur", a-t-il précisé.

Pour Michel Sapin, si les taux de marge opèrent un "redressement spectaculaire",
le but du gouvernement est de retrouver les niveaux d'avant la crise débutée en 2007 et ressentie en 2008 (32,7%). Et il en profite pour se féliciter de cet... objectif qui justifie, selon lui, "le maintien du cap" de la politique économique du gouvernement, une ligne socio-libérale très contestée à gauche, après comme avant la défaite de la majorité présidentielle aux départementales. "Il faut que le monde économique soit certain que le cap (des baisses de charges et d'impôts) soit maintenu", a insisté le ministre soucieux de rassurer l'entreprise, quitte à irriter les socialo-socialistes. 

Reste que, dans l'immédiat, le pouvoir mise sur une activité portée par la consommation des ménages, traditionnel moteur de croissance en France. Celle-ci ne se fera qu'à la condition d'une "accélération du pouvoir d'achat", selon l'Insee, grâce à la baisse des prix des carburants du fait des cours du baril à l'international, mais aussi au "moindre dynamisme des prélèvements obligatoires". 
Quant au commerce extérieur, il devrait avoir une influence marginale sur la croissance du premier semestre, du fait d'une faible compétitivité de nos entreprises et malgré les bons effets de la baisse de l'euro sur les exportations.

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