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lundi 8 juin 2015

Affaire Bettencourt: sous serment, la juge Prévost-Desprez nie toute fuite

Le parjure et le secret des sources consacrent le mensonge légal ?

Sous serment, la magistrate a nié en bloc la 
violation du secret professionnel

Isabelle Prévost-Desprez, juge poursuivie
dans l'affaire Bettencourt,
escortée du juge Christophe Régnard (USM) 
Le tribunal correctionnel de Bordeaux jugeait encore lundi un nouveau volet de la trouble affaire Bettencourt. A l'ouverture de son procès, la magistrate Isabelle Prévost-Desprez a formellement nié avoir violé le secret professionnel dans l'enquête sur l'affaire, dont elle fut un temps chargée, avant d'en être dessaisie.
5.000 euros d'amende ont été requis contre la magistrate. 

Le procureur Gérard Aldigé a requis une peine de 5.000 euros d'amende contre Isabelle Prévost-Desprez. "Les charges sont nombreuses et accablantes. Tout ramène à elle et les preuves reposent sur l'existence de faits matériellement établis", a lancé le procureur Aldigé dans un réquisitoire cinglant contre la juge.

Accusée de  faute professionnelle


Marie-Eve Malouines (présidente 
de 'La Chaîne parlementaire' depuis 
le 6 mai... 2015) entourée 
de Sylvain Courage 
(L'Obs, propriété de Niel, Bergé, Pigasse, 
déjà propriétaires du journal Le Monde
et Jacques Follorou (Le Monde), à droite
La présidente de la 15e chambre correctionnelle de Nanterre est notamment soupçonnée d'avoir divulgué, dans des échanges téléphoniques, les détails d'une perquisition au domicile de Liliane Bettencourt, le 1er septembre 2010, relatée le jour même dans Le Monde - journal officieux du Parti socialiste - par le journaliste (d'investigation!) Jacques Follorou (ci-contre, CFJ), avec qui la magistrate avait cosigné un livre quelques mois plus tôt.

Isabelle Prévost-Desprez "conteste absolument" avoir commis un tel délit, passible d'un an de prison et 15.000 euros d'amende. Quand le procureur, goguenard, s'étonne de ses contacts téléphoniques répétés avec une vingtaine d'organes de presse
elle répond -avec insolence- qu'à sa connaissance, il n'est pas encore interdit de parler à un journaliste en France. Elle affirme par ailleurs n'avoir eu que des "discussions personnelles" avec Jacques Follorou (spécialiste de la justice pour i-télé, groupe Canal+), "un ami" journaliste de longue date. De combien d'autres fuites le journaliste "d'investigation" du Monde avait-il déjà été le bénéficiaire ?
Isabelle Prévost-Desprez était chargée d’un supplément d’information dans l’affaire Bettencourt, alors même que le procureur Courroye enquêtait sur les soupçons d’abus de faiblesse au détriment de la milliardaire. Or, le 1er septembre 2010, l'ancien ministre du président François Mitterrand, délégué auprès du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Georges Kiejman, alors avocat de Liliane Bettencourt, découvrit avec stupeur dans Le Monde que les policiers, sur ordre de la magistrate, étaient en train de perquisitionner chez sa cliente.

Certaines coïncidences accablent la juge. 
Comme ce SMS que la juge a envoyé à un journaliste du Monde, sept minutes seulement après le début de la perquisition chez Liliane Bettencourt. Un peu plus d'une heure plus tard, le quotidien mettait en ligne son premier article sur le sujet. Pour sa défense, Isabelle Prévost-Desprez met en cause toute la hiérarchie policière qui était aussi au courant, selon elle, et susceptible de fuiter, mais aussi le personnel de Liliane Bettencourt. Tous, sauf elle !


Bras de fer avec le procureur Courroye.
Lhomme et Arfi 
Pour expliquer les poursuites dont elle fait l'objet, Isabelle Prévost-Desprez a longuement insinué lundi que l'ambiance qui régnait en 2010 au tribunal de Nanterre était détestable. A son corps défendant. Une lutte d'influence que l'ancien procureur Philippe Courroye, aujourd’hui avocat général à Paris, et certains membres du parquet aurait mené à l'époque contre les magistrats du siège, sur fond d'amitiés politiques avec le pouvoir sarkozyste, assure Isabelle Prévost-Desprez, juge tranquille et sans haine, à lire l'AFP, mais alors présidente de la 15e chambre correctionnelle de Nanterre et son ennemie intime...
Arfi et Plenel
"Glaçant", raconte Fabrice Arfi, journaliste d'investigation (!) du... site trotskiste, Mediapart, qui avec son confrère... Fabrice Lhomme, à l'origine de "révélations" fuitées sur l'affaire Woerth-Bettencourt
Le 29 mai 2015, à la suite de l'acquittement d'Eric Woerth, Benoît Hamon (ex porte-parole du Parti socialiste) exprimera ses "regrets" de l'avoir accusé (certains socialistes ne connaissent pas les "excuses". Claude Bartolone (président actuel de l'Assemblée) lui présentera ses excuses. Mais aucune excuse ni regret des journalistes dits d'investigation.

Ce dossier est parti d'une plainte de Me Georges Kiejman, alors avocat de Liliane Bettencourt, pour "violation du secret professionnel". Une plainte déposée le jour même de cette perquisition chez l'héritière de L'Oréal, dans une procédure dont la magistrate de Nanterre avait la charge. Dès le lendemain, le procureur Courroye diligentait une enquête pour trouver la source des fuites publiées par Le Monde dans l'article signé de Jacques Follorou et de... Gérard Davet (ci-contre), ennemi juré de l'UMP (Les Républicains): on retrouve ce journaliste dans les affaires des carnets Rondot de l'affaire Clearstream (avec Hervé Gattegno), Karachi, Bettencourt ou encore Bygmalion.
Dans l'affaire du "dîner de cons", quand François Fillon aurait demandé au bras droit de F. Hollande l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet de "taper vite" sur Sarkozy, on apprend que "tous les mois, Davet et Lhomme viennent voir François Hollande depuis le début du mandat, il y a une confiance qui s'est établie entre eux. Le président leur raconte tout, dit tout, ouvre les vannes parce que le deal qu'ils ont passé, c'est que rien ne sorte avant 2017" où les deux journalistes doivent publier un ouvrage sur le quinquennat, explique un haut membre de l'exécutif. Selon lui, le chef de l'Etat ne peut pas ne pas avoir été au courant (Lien)Le centriste François Bayrou n'a pas non plus mâché ses mots, estimant qu'en gardant ce secrétaire général de l'Elysée à ses côtés, François Hollande "couvrait", voire "inspirait", des manipulations.

L'avocat de la juge, Me François Saint-Pierre, qui compte demander sa relaxe mardi, défend l'idée que que la plainte de Me Kiejman "visait de manière explicite le dessaisissement" d'Isabelle Prevost-Desprez d'une procédure qui s'intéressait alors aux liens entre la milliardaire et le financement de l'UMP, parti du président de l'époque Nicolas Sarkozy. Autrement dit, le but de la plainte aurait été d'écarter la juge Prévost-Desprez du dossier, ce qui ne répond en rien à l'accusation d'organisation de fuites, sous couvert de la protection des sources de la presse. 

Aucune des allégations à répétition -qualifiées de 'révélations' par la presse à charge- sous la signature de Davet, Follorou ou Lhomme n'a été validée par un tribunal. Un temps mis en examen pour abus de faiblesse, Nicolas Sarkozy a obtenu en 2013 un non-lieu dans cette affaire.

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