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lundi 26 octobre 2015

Régionales: Le Drian, candidat PS du dimanche

Le ministre de la Défense se... défend de négliger les militaires pour les électeurs de Bretagne 

"Alors, on reste ministre ou on revient en Bretagne ?"

Tout dépend du scrutin des Régionales: sera-t-il renvoyé à ses huîtres de Cancale ? Sa victoire atténuerait la débâcle qui menace le PS, mais il n'est populaire que dans la presse dévote, car les Français n'aiment pas la guerre et il la mène pourtant au Mali, en Centrafrique et en Syrie: ça fait beaucoup pour les pacifistes et pour les finances de l'Etat, donc les impôts et le manque de crédits pour les régions. 
"On revient en Bretagne ! Si les électeurs le veulent," a reconnu Jean-Yves Le Drian hier matin, au marché des Lices, à Rennes. Le JDD s'y trouvait, au côté du socialiste Le Drian, ministre en semaine, candidat le dimanche. 
 "On le remercie, on le félicite, on se fait prendre en photo avec lui, tel ce grand jeune homme en marinière, soldat du 2e Rima du Mans," écrit le Journal du Dimanche. Le journaliste est tombé sur le client qu'il fallait, "revenu du Mali et ému [sic] de croiser celui qui l'y a envoyé". On ne dira pas au casse-pipe. 
Le 18 février 2014, le président Hollande a rendu hommage aux soldats musulmans morts pour la France lors des deux guerres mondiales, en inaugurant à la Grande mosquée de Paris un monument en leur mémoire, mais qui a fait le compte des militaires de Hollande et Le Drian morts en Afrique ? 

Le ministre de la Défense est en campagne pour les régionales.
Les Bretons ne sont pas des veaux.

Mais sont-ils des cochons ?
Il est donné vainqueur, par les sondages. C'est dire que les Bonnets rouges hostiles à l'écotaxe, les exploitants agricoles de la filière porcine et ceux de l'agro-alimentaire sinistré vont voter Le Drian ?  Ils n'ont plus de mémoire, les Bretons ? 

Avec le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et l'Aquitaine-Poitou-Limousin, la Bretagne est l'une des rares régions que la gauche pourrait conserver en décembre, quoi qu'il soit arrivé et malgré un tissu économique breton resté fragile. Ainsi auraient-ils oublié le séisme industriel et social, les restructurations dans les télécoms, l'automobile et l'agroalimentaire, des milliers de suppressions d'emplois et leurs cortèges de drames humains ?...

En décembre 2013, le gouvernement Ayrault a certes mis les moyens pour acheter les Bretons - et les carrières régionales de trois ministres (JY. Le Drian, Marylise Le Branchu et Clotilde Valter, sans compter B. Hamon) - , dégageant des crédits  - 2 milliards d'euros -  pour mettre en place un pacte d'avenir spécifique, pour faire face à la crise économique en Bretagne. Un an après, le Premier ministre s'est rendu à Brest pour tirer les dividendes de la solidarité nationale. Des rassemblements à l'appel de l'intersyndicale FO-CGT-Sud-Solidaires-Unef avaient toutefois stigmatisé la venue du Premier ministre, réunissant plusieurs centaines de personnes.


Tout ça pour finalement voter Le Drian ?

Hollande a envoyé un ministre en détachement.
L'exécutif veut à tout prix sauver une Bretagne revenue de ses choix socialistes de 2004 et 2010 et se mettre un peu de rose au coeur au soir de la débâcle annoncée du PS au second tour. Un sondage lui donnait  32 % des suffrages: ce serait deux fois plus que la liste de son principal opposant, le député Marc Le Fur (16 % d'intentions de vote). Mais ça, c'était avant.
Un nouveau sondage commandé à BVA pour la presse régionale et publié vendredi indique à nouveau une victoire probable de J-Y Le Drian lors des élections régionales du mois de décembre.Le sondage, réalisé sur un échantillon 806 personnes choisies pour leur représentativité supposée, est révélateur d’une fracture profonde entre les élites et le peuple : 45% des électeurs ne sont pas intéressés par ces élections (32% pas vraiment, 13% pas du tout et 4% ne se prononcent pas). A noter qu’un tiers des moins intéressés sont les jeunes de moins de 35 ans alors que les retraités sont 65% à se déclarer intéressés par ces élections, signe là encore du fossé qui se creuse entre générations privilégiées et au pouvoir et générations sacrifiées et précaire. 
Au premier touravec 37% de sondés n’ayant pas exprimés d’intention de vote, la liste de Marc Le Fur (LR, ci-contre) arriverait en tête avec 30% des voix, devant la liste Le Drian (26 %), la liste Pennelle (FN, 16%) et la liste Troadec (extrême gauche, 9%). Des résultats qui contredisent le sondage publié la veille par IFOP. A noter le 1% réalisé par la liste Bertrand Deléon et le 1% de Breizhistance ce qui donnerait à la tendance régionaliste/autonomiste un poids beaucoup plus important qu’à l’accoutumée (11% d’autonomistes ou indépendantistes déclarés à additionner aux quelques personnalités présentes sur les listes Le Fur et Le Drian). EELV (7 %) et le Front de Gauche (4%) seraient en régression. Dans cette configuration, au second tour, la liste de Jean-Yves Le Drian l’emporterait avec 46% des suffrages devant la liste Le Fur (36%) et la liste Pennelle (18%). 39% des sondés n’ont pas donné d’intention de vote sur ce tour.La liste Troadec du meneur des Bonnets rouges constitue une inconnue. Créditée de 10%, elle n’assurerait plus Jean-Yves Le Drian d’une victoire, hormis si Christian Troadec venait à négocier – ce que les responsables de la liste 'Oui la Bretagne' avaient pourtant exclu.

"Je serai président de région," clame Le Drian 

A 68 ans, Le Drian veut retourner chez lui. Comment se peut-il portant  qu'un si subtile ministre de la Défense déserte le front d'une France en guerre ? Émile Coué de La Châtaigneraie, auteur de la célèbre méthode de développement personnel fondée sur l’autosuggestion (la méthode Coué) n'était pas breton, mais Le Drian prend le risque de prendre une châtaigne. 

Les visites du ministre resteront secrètes jusqu'au dernier moment.
Pour des raisons de sécurité, nous assure-t-on. De discrets gardes veillent en effet sur ce divin corps: les terroristes en sont obsédés. Mais en faisant campagne en catimini, Le Drian fait la preuve de sa suffisance. A moins que ce ne soit aussi le comble de l'autogestion de sa valeur personnelle. 
"Je ne fais campagne que le week-end. En cas d'urgence, je rentre immédiatement. Je suis informé en permanence", explique le ministre qui, en dix jours, vient de faire 17 navettes.
Ambigu ou réaliste, François Hollande lui a demandé de rester en poste jusqu'à l'issue du scrutin. Prudent ou solitaire, il lui a aussi rappelé la règle du non-cumul. Pas tout-à-fait sûr de la victoire de ce fidèle, le chef de l'État craindrait toutefois qu'il parte en cas de succès. 
Le Drian promet de ne pas installer au conseil régional un vice-président temporaire, son homme de paille. "Je serai président de région", insiste-t-il. 

Sans doute quitterait-il d'ailleurs son ministère en cas de défaite. C'est  la rumeur que distille son entourage, histoire de ne pas passer pour le général qui abandonne ses hommes en rase campagne africaine. Le retour à la région était prévu, bien qu'un faux suspens ait été entretenu : "En mai 2012, j'avais dit aux Bretonnes et aux Bretons que je reviendrai. Je suis là". La discussion avec François Hollande fut tout aussi claire : "Tu connais mon attachement et j'ai pris un engagement", lui a-t-il expliqué. 
Les Bretons sont menés en bateau, mais les marins savent qu'après le naufrage, la mer ne rend pas les corps.

"La France est en guerre, mais la Bretagne est en crise"

A 68 ans, à l'aube de sa treizième campagne, l'ancien maire de Lorient serait un revenant au Conseil régional de Bretagne et il est serein, bien qu'il n'incarne donc pas le renouvellement promis des cadres territoriaux. 
Il bénéficie de l'effet 'unité nationale' face au terrorisme, et pour un élu Les Républicains, comme le sarkozyste Henri Guaino, il est "un bon ministre". 

La partie paraît toutefois moins aisée que par le passé. 
La droite a progressé dans la région : elle a enlevé le fief socialiste des Côtes-d'Armor cette année. Avec le Morbihan, Les Républicains dirigent donc deux départements bretons sur quatre. Lors des Européennes, le PS s'est classé troisième à 16%. 
Le vote sanction menace donc, aussi, les socialistes bretons. 
Et Le Drian fait du terrain, escorté de militants, comme ici à Rennes. Lors des précédentes élections régionales, en 2004 et 2010, Le Drian était arrivé en tête au premier tour avec plus de 37% des voix à chaque fois. Cette année, il serait certes en tête, mais avec 5 à 11 points de moins, selon les sondages. 

"La France est en guerre, mais la Bretagne est en crise", souligne Marc Le Fur, chef de file des listes d'union de la droite et du centre, qui pointe la hausse du chômage. 

La surprise du scrutin est la présence d'une liste Bonnets rouges, portée par Christian Troadec, maire de Carhaix et héraut du mouvement. "Nous sommes la troisième voie régionaliste", clame-t-il avant le premier tour. Créditée de 10% environ des voix, Troadec est susceptible de se maintenir au second tour. La présidence de Bretagne se jouerait alors en quadrangulaire, le FN semblant aussi en mesure de franchir le cap. 

Le ministre a profité de son week-end pour assister au derby breton entre le FC Lorient dont il est président d'honneur et le Stade rennais. Match nul. L'heure n'est pas encore aux célébrations.

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