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dimanche 24 janvier 2016

Notre-Dame-des-Landes: manifestation à la veille du procès sur les expulsions du site de l'aéroport Ayrault

La manifestation du 23 janvier visait à faire pression sur le procès du 25

"On ne lâche rien, on ne laissera rien détruire sur la zone." 

Version 3e âge des manifestations
 contre le nouvel aéroport de Nantes
Plus d’un millier d’opposants au projet d’aéroport Ayrault de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) avaient programmé une déambulation festive ce samedi 23 janvier dans les rues de Nantes (ci-contre), à deux jours d’un jugement décisif concernant l’expulsion d’exploitants agricoles, "habitants historiques" vivant dans onze habitations et quatre exploitations agricoles, dans le bocage à une quinzaine de kilomètres au nord de Nantes.
Christophe Mounier et Olivier Niol, à l’origine 
du collectif créé à Redon en 2009,
avec Edwige Lourmière, conseillère municipale EELV
"Ce n’est pas une manifestation de plus, assure Christophe Mounier, un manifestant venu de Redon (Ille-et-Vilaine) à 75 kilomètres, mais qui se qualifie de 'vigie' (ci-contre, à l'extrême gauche). On est dans l’attente du jugement. On continue de s’exprimer pacifiquement et d’afficher notre détermination sereine mais implacable pour faire tomber ce projet inutile."

Des scènes théâtralisées ont ponctué une longue farandole au son des binious et au rythme des gavottes bretonnes, dans une ambiance apaisée contrastant radicalement avec les scènes de violence urbaine qui avaient ponctué la manifestation du 22 février 2014. "C’est un très grand succès. Il était fondamental de montrer que l’on peut défiler à Nantes sans débordement", indique Joël Quélard, enseignant retraité de Saint-Nazaire, membre de l’Acipa [Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes].

Mais la suite du mouvement promet d'être plus tendue. 

"S’il y a la moindre intervention sur la zone, travaux ou évacuation, alors l’Etat prendra des risques", menace M. Mounier. Car les gens qui luttent contre NDDL ne se laisseront pas faire et sont prêts à prendre des risques pour eux-mêmes."

Le 9 janvier déjà, 20.000 manifestants, selon les organisateurs, opposés au projet d’aéroport (7.200 selon la police de B. Cazeneuve qui ne voit pas tout du haut de son 1,60, bien qu'il se hausse, affirmant qu'il peut parler droit dans les yeux de Sarkozy, 1,68m), avaient envahi le périphérique autour de Nantes, soutenus par 400 tracteurs.

Les forces de l’ordre avaient alors usé de gaz lacrymogènes et de canons à eau, au milieu de la nuit, pour faire évacuer la centaine d’engins agricoles et le millier de manifestants qui avaient décidé de rester sur les barrages tant que le chef de l’Etat ne prendrait pas la parole pour annoncer, espéraient-ils, l’abandon des poursuites contre les opposants historiques et, surtout, l’abandon du projet de nouvelle plate-forme aéroportuaire.

Lundi 25 janvier, le tribunal de grande instance de Nantes doit statuer sur la question de l’expulsion des habitants historiques
 
Erwan Le Moigne, avocat des opposants, a posé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), estimant que la procédure d’expulsion engagée n’est "pas conforme à la Constitution et à la Convention européenne des droits de l’homme". Le juge peut aussi donner le feu vert à l’opération d’évacuation de la ZAD, la zone d’aménagement, différée pour les promoteurs du projet, rebaptisée zone à défendre par les anti-aéroport –  ZAD occupée par près de 200 militants écologistes, altermondialistes et anticapitalistes.

Le premier ministre, Manuel Valls, a donné au juge sa consigne, prenant parti en martelant sa volonté de réaliser le projet et d’évacuer la zone. Gage de cette détermination : en décembre dernier, l’Etat a discrètement attribué le marché de débroussaillage de la desserte de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, a révélé, vendredi, France Bleu Loire Océan. Le nom de l’entreprise lauréate n’a pas été divulgué pour des raisons de sécurité.

A une quinzaine de kilomètres au nord de Nantes, préfecture du département et de la région Pays de Loire, Notre-Dame-des-Landes menace de se transformer de nouveau en Notre-Dame-de-la-Poudrière comme à l’automne 2012, période à laquelle le gouvernement avait ordonné l’opération "César", tentative avortée d’évacuer la zone.

"Collabos", "vendus"…
Mardi 19 janvier, Guy et Béatrice Lamisse, propriétaires de deux maisons situées dans l’emprise du projet, ont déposé en préfecture une pétition rassemblant 1.628 signatures réclamant l’évacuation de la ZAD. En guise de représailles, le couple a retrouvé, vendredi, ses deux propriétés constellées de tags et d’insultes du type "collabos", "vendus", "capitalistes"… "Il n’est pas question de baisser les bras, de baisser la tête et de céder face aux intimidations", a réagi le couple qui a déposé plainte.

Elu en décembre président de la région des Pays de la Loire, le sénateur Bruno Retailleau (Les Républicains) dénonce "une vendetta contre celles et ceux qui refusent cette loi du silence que les zadistes cherchent à imposer autour de la ZAD". 
Organisant une conférence de presse à Notre-Dame-des-Landes, pendant le déroulement même de la manifestation à Nantes, B. Retailleau a exhorté le premier ministre et le ministre de l’intérieur "à restaurer l’Etat de droit à Notre-Dame-des-Landes".

L’ouverture de l’aéroport, projet officiellement chiffré à 650 millions d’euros et dont la délégation a été confiée à Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, était initialement programmée en 2017.


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